Pour appuyer la valorisation de la chaîne de valeur du manioc dans trois provinces du pays et promouvoir le « Made in Gabon », 600 millions de francs CFA seront débloqués par le Fonds IBSA. Pour formaliser ce soutien financier, les Ambassadeurs de l’Inde, du Brésil, de l’Afrique du sud garant de ce fonds, les ministères gabonais de l’Agriculture et de l’entrepreneuriat et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ont procédé hier, lundi 26 mai 2025 à la signature d’un partenariat stratégique.
Selon le communiqué conjoint des partenaires, la signature officielle de ce projet marque une étape significative dans la volonté conjointe des partenaires d’accélérer la transformation agricole, de renforcer l’autonomisation économique des femmes et des jeunes, et de favoriser la souveraineté alimentaire du Gabon grâce à des solutions concrètes et ciblées. « Ce projet que nous signons aujourd’hui est le fruit d’une année de travail porté par le fonds IBSA avec le leadership fort de l’Afrique du Sud et s’inscrit dans une logique de réponse rapide et pragmatique au développement de la chaîne de valeur d’un produit agricole », va faire remarquer en introduction le Représentant du PNUD.
Baptisé « Appui à la chaîne de valeur du manioc dans trois provinces du Gabon », le projet sera déployé sur un an, grâce à l’appui technique du PNUD et vise entre autre, à procéder à un (1)diagnostic et structuration de la chaîne de valeur du manioc pour identifier les points d’entrée prioritaires et renforcer l’écosystème agricole, (2)soutenir les PMEs, coopératives, femmes et jeunes pour accroître la productivité, (3)améliorer les capacités de transformation et renforcer la présence sur les marchés locaux et enfin, développer des partenariats avec les acheteurs institutionnels et privés, en vue de promouvoir le « Made in Gabon », afin de faciliter l’accès aux marchés et d’identifier les mécanismes de financement durables.
Le choix du manioc comme socle de base à l’implémentation de ce projet n’est pas anodin. Avec plus de 80% des ménages qui consomment quotidiennement cet aliment, sous ses multiples formes – bâton de manioc, farine, cossettes ou tapioca au Gabon, cette culture constitue un enjeu stratégique majeur pour la souveraineté alimentaire du pays. C’est cette prééminence du manioc dans les ménages qui justifie l’engagement de l’Afrique du sud. « Le manioc est un produit largement consommé au Gabon et pour les différentes catégories d’agriculteurs qui sont les jeunes et les femmes, nous ne voudrions pas que les produits issus de la transformation du manioc soient seulement utilisé pour la consommation domestique, mais qu’ils entrent dans la chaîne de valeur agricole du manioc et qu’il puissent être disponibles dans les grandes surfaces », justifie l’Ambassadeur d’Afrique du Sud au Gabon.
Montrant le bien-fondé de ce projet qui selon elles, cadre avec la vision de développement agricole prôné par le Gouvernement gabonais, Gninga Chaning Zenaba, ministre de l’Entrepreneuriat, du Commerce et des PME- PMI et Odette Polo épouse Pandzou, ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement Rural, sont convaincu que ce projet permettra de surmonter les défis liés à l’autosuffisance alimentaire et à la sécurité alimentaire au Gabon. « Ce projet s’inscrit en parfaite harmonie avec l’ambition du Président de la République de faire de l’agriculture un pilier fondamental du développement économique de notre pays. Dans cette Ve République naissante, nous avons fait le choix audacieux de placer la souveraineté alimentaire et l’entrepreneuriat agricole au cœur de notre stratégie de diversification économique », a souligné la ministre de l’Agriculture.
Si les partenaires restent serein quant à l’impact alimentaire et socio-économique du projet, celui-ci devra cependant surmonter de nombreux obstacles. Parmi lesquels : le vieillissement de la population des femmes cultivatrices de manioc, le désintéressement des jeunes à l’égard de cette culture et la problématique de l’exode rural qui affecte particulièrement les provinces cibles, notamment celle de la Ngounié et du Haut-Ogooué. En effet, pour mieux atteindre les cibles du projet et répondre aux impératifs de rupture tels que formulé, il sera essentiel de pérenniser ce projet. C’est dire que son extension dépendra de la réussite de la phase pilote.
Michael Moukouangui Moukala