Qu’est une Contribution déterminée au niveau national (CDN) ? A quoi sert telle aux pays ? Pourquoi la mettre en place, quand et pour quelle finalité ? Derrière ce vocable technique pour certains et familier pour d’autres, se cache une stratégie pourtant essentielle à la formulation des engagements climatiques nationaux. Dans ce morceau de presse, La Lettre Verte décortique pour vous, avec l’aide du Conseil national climat (CNC), le vocable CDN.
Sous ces trois lettres techniques, se cache en réalité des enjeux vitaux pour l’avenir de notre planète. Le Gabon, pays à la vaste forêt tropicale et modèle en matière de préservation de la biodiversité, a récemment lancé la révision de sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN) 2.0, tout en posant les bases de l’élaboration d’une CDN 3.0. Mais que signifie cette terminologie ? Pourquoi est-elle essentielle ? Et comment les citoyens peuvent-ils s’en emparer ?
Une Contribution Déterminée au niveau National — ou CDN — est le plan d’action climatique que chaque pays soumet dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat signé en 2015. Ce document stratégique précise les efforts que le pays s’engage à fournir pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (atténuation), les actions prévues pour s’adapter aux impacts déjà visibles des changements climatiques (adaptation), ainsi que les besoins financiers, techniques ou institutionnels pour mettre en œuvre ces engagements. Chaque CDN est donc à la fois une promesse, une boussole, et un outil de suivi des progrès climatiques à l’échelle nationale.
Pourquoi les réviser ?
Depuis 2015, l’Accord de Paris sur le climat impose que ces contributions soient révisées tous les cinq ans. L’objectif est clair : renforcer l’ambition climatique des pays à mesure que les connaissances scientifiques évoluent et que les moyens d’action progressent. C’est dans ce cadre que le Gabon a initié la révision de sa CDN 2.0. Le pays, qui dispose d’un capital naturel exceptionnel avec 88 % de son territoire couvert de forêt, a déjà atteint un bilan carbone positif, ce qui signifie qu’il absorbe plus de carbone qu’il n’en émet. Mais il ne s’agit pas de s’arrêter là. La révision de la CDN permet d’intégrer de nouveaux objectifs, plus ambitieux, adaptés à la réalité actuelle du pays et aux besoins de ses populations.
Une démarche nationale, coordonnée et participative
Le 23 mai 2025 dernier, un atelier national de révision de la CDN a été lancé à Libreville. Il a réuni les principales institutions concernées, dont : le ministère de l’Environnement, le ministère des Eaux et Forêts, le Conseil National Climat, ainsi que des représentants de la société civile, du secteur privé, des experts techniques et des partenaires internationaux. Cette approche multisectorielle vise à intégrer les priorités nationales de développement, tout en respectant les engagements internationaux en matière de durabilité. Elle marque aussi un tournant vers une planification climatique plus inclusive et transparente.
Vers une CDN 3.0 : préparer l’avenir dès maintenant
Alors que la révision de la CDN 2.0 est en cours, les travaux pour une CDN 3.0 sont déjà amorcés. Cette anticipation permet de penser à long terme, d’intégrer les leçons tirées des versions précédentes, et de faire de la CDN un véritable levier de développement durable. Parmi les objectifs évoqués, figure la volonté du Gabon de renforcer la résilience de ses écosystèmes et des communautés, le soutien à l’économie verte, une meilleure intégration de la jeunesse et des collectivités locales dans la gouvernance climatique.
Et le citoyen dans tout ça ?
On pourrait croire que les CDN relèvent uniquement des gouvernements, scientifiques et experts du climat. Mais il n’en est rien, car ces documents ne sauraient être efficaces que s’ils sont compris et soutenues par tous. Comme le rappelle Janvier Kevin Ndong Nzogho, Coordonnateur national d’inventaire des gaz à effet de serre : « la lutte contre le changement climatique ne concerne pas uniquement les gouvernements, mais aussi les individus. » Adopter des comportements responsables, s’informer, participer aux consultations publiques, protéger les ressources naturelles à l’échelle locale : chacun peut contribuer à faire vivre la CDN.
Une feuille de route, un engagement, une opportunité
Finalement, il est fort aisé de constater que la CDN n’est pas qu’un acronyme bureaucratique. C’est la preuve que chaque pays, et chaque citoyen, peut jouer un rôle significatif dans la préservation de notre climat commun. En prenant le temps de la comprendre, on y découvre un outil puissant au service d’un avenir plus durable.
Wilfried Mba Nguema