Au Gabon, la Semaine nationale de l’Environnement (SNE) s’affirme à travers le déploiement du ministère de l’Environnement via sa direction générale de l’Environnement. Entre projection de film documentaire, appui aux AGRs, messe, atelier de validation de l’inventaire des émissions de méthane dans le secteur pétrolier et gazier, table ronde des bailleurs de fonds et organisation de la finale de la 7e édition du concours national d’éloquence, la SNE dérape de ses objectifs, quand à la pollution plastique elle, se régale.
Devenue une tradition au Gabon depuis plusieurs années, la Semaine nationale de l’Environnement (SNE) à débuter hier, lundi 02 juin 2025 sous la coupole du ministère de l’Environnement. Cette année, l’événement met l’accent sur « la lutte contre la pollution plastique » en guise d’alignement national à la célébration, le 5 juin prochain, de la Journée mondiale de l’environnement. Pour la circonstance, une série d’activités ont été programmées pour « appeler les uns et les autres à un changement de mentalité, à une transformation de nos mentalités » pour préserver la vie.
Ces activités, axées sur des engagements assez décalés de l’objectif de départ, à savoir lutter contre la pollution plastique, questionnent sur la finalité voulu. Plus clairement, la projection de film documentaire, l’appui aux AGRs, la messe (quoique essentielle), l’organisation d’un atelier et d’une table ronde sur la question du financement et des émissions de méthane, ainsi que l’organisation de la finale de la 7e édition du concours national d’éloquence laisse dubitatif sur l’impact réel de cette programme en termes de changement de mentalités des populations face au danger du plastique.
En effet, omniprésent au Gabon, le plastique est partout. Dans les rues de grandes villes, dans les canalisations, les bassins versant, dans les écosystèmes, à la maison, dans les décharges, les magasins et invite à la mise en place des solutions et mesures pérennes qui permettront à la fois aux populations d’être conscient du danger que représente cette substance organique et de la nécessité de lutter contre ce fléau. Et pour cause, au Gabon, environ 34 % des déchets solides produits sont mal gérés. Les déchets plastiques quant à eux, représentent 12% des ordures ménagères, avec un taux de production quotidien d’environ 46 000 kg, dont 34 % sont mal gérés. Parallèlement, 927 kg de déchets plastiques s’échappent chaque jour dans l’environnement. C’est dire que ce matériau synthétique dérivé du pétrole brut, formé à partir de polymères, est un véritable danger. Il lui faut entre 100 et 400 ans pour se détériorer.
Curieusement, le ministère de l’Environnement a préféré ignoré cette réalité pour surfer, durant cette célébration, sur des sentiers qui relèvent du ministère du commerce, de celui de l’agriculture et du Conseil national climat (CNC) en dépit du lien qui existe entre ces deux entités, omettant de chausser les bottes et d’aller réellement en guerre contre le plastique par des campagnes de sensibilisation basées sur du concret. C’est-à-dire, sur l’ignorance populaire du danger que représente la pollution plastique. De façon ironique, à la chute de cette semaine, que retiendront les Gabonais de Nkembo, de Glace, de Petit-Paris, de Mindoubé, de Nzeng-Ayong, d’Ambowé de cette célébration pour ne citer que ces quartiers. De façons tout aussi absolu, rien ! Car la célébration ne s’est pas attaquée à la source du problème, c’est-à-dire, les mentalités et les foyers de pollution pourtant connue à Libreville pour ne citer que cette ville. Quid de la célébration à l’intérieur du pays ?
Mieux encore, les ONGs qui œuvrent sur la question ont été laissées pour compte. Or, cette célébration était l’occasion pour le ministère et ces entités d’unir leurs efforts afin de s’attaquer à un problème qui constitue une réelle préoccupation de salubrité et de santé publique au Gabon. Cette célébration laissera forcément un goût d’inachever, car les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets lorsqu’on parle de pollution plastique.
Michael Moukouangui Moukala