Lors de sa dernière séance plénière le mercredi 18 juin 2025, l’Assemblée nationale de la transition a adopté une proposition de loi relative à la promotion et au développement des énergies renouvelables au Gabon. Une décision politique saluée par les acteurs de la transition écologique, tant le besoin d’un cadre légal solide devenait urgent. Pourtant, derrière l’enthousiasme affiché, des interrogations subsistent sur la réelle capacité du pays à traduire cette ambition dans les faits.
Le texte marque une première étape importante dans la structuration d’un secteur longtemps marginalisé dans les politiques publiques. En fixant des objectifs de diversification énergétique, de réduction de la dépendance aux énergies fossiles et de soutien aux investissements verts, la loi se veut un outil de transformation économique et environnementale.
À cet effet, certaines actions peuvent être prévues, notamment : des incitations fiscales pour les entreprises investissant dans les énergies renouvelables, la création d’un fonds national pour les énergies vertes, et l’intégration progressive des énergies propres dans les services publics essentiels, comme l’éclairage ou l’approvisionnement en eau.
Dans un contexte mondial marqué par le dérèglement climatique et la pression croissante pour décarboner les économies, cette initiative législative aligne enfin le Gabon sur les standards internationaux. Elle répond aussi aux engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat et du Plan Climat Gabon.
Une ambition freinée par le manque d’infrastructures
Cependant, si le texte est ambitieux sur le papier, sa mise en œuvre soulève des doutes légitimes. À ce jour, le pays ne dispose ni des infrastructures adaptées, ni des capacités techniques suffisantes pour déployer massivement des solutions d’énergies renouvelables, en particulier dans les zones rurales. L’électrification hors-réseau, qui pourrait bénéficier du solaire ou de la biomasse, reste à l’état embryonnaire.
Plus grave encore, le flou entourant les mécanismes de financement interroge sur la viabilité du fonds annoncé. Quelle sera sa dotation réelle ? Qui en assurera la gestion ? Quelle transparence sera garantie dans l’allocation des ressources ? Ces questions restent, pour l’instant, sans réponse.
À cela, s’ajoute une culture administrative peu tournée vers l’innovation et une lourdeur bureaucratique qui risque de retarder, voire de bloquer, l’application des mesures prévues. Sans volonté politique affirmée et coordination inter-institutionnelle, la loi pourrait rejoindre le cimetière des réformes ambitieuses, mais inabouties.
Une société civile à mobiliser
La réussite de cette loi dépendra aussi de la mobilisation de la société civile, des collectivités locales et du secteur privé. Une dynamique inclusive est indispensable pour qu’au-delà des discours, le citoyen gabonais ressente concrètement les effets de cette transition. Cela passe par l’éducation à l’énergie, l’accompagnement des ménages, le soutien aux start-ups vertes et le développement d’une filière locale.
De façon concrète, la loi sur les énergies renouvelables adoptée par l’Assemblée nationale de la transition est une étape historique, mais elle ne suffira pas à elle seule. Elle doit être suivie d’actes concrets, d’investissements durables, et d’un sursaut de gouvernance pour qu’elle ne demeure pas un simple vœu pieux dans un pays qui a pourtant tout pour devenir un leader régional de la transition énergétique.
Wilfried Mba Nguema