Au Gabon, le gouvernement, via son ministère de l’Environnement, de l’Ecologie et du Climat, a lancé récemment, une opération coup de poing contre les occupations illégales des mangroves par les populations. Diversement appréciée, cette opération connaît un écho favorable auprès des ONGs. Expert dans l’identification et la Restauration des mangroves, ancien président de l’ONG Plurméa, Landry Lignabou salue cette initiative, non sans a appelé le gouvernement à éteindre cette action.
« La mangrove est un patrimoine écologique vital pour notre pays. Elle ne peut être ni vendue, ni accaparée, encore moins détruite pour des intérêts particuliers », faisait savoir Mays Mouissi, ministre de l’Environnement, de l’Ecologie et du Climat lors d’une opération de démolition à Mindoubé, dans le 5e arrondissement de Libreville, suite à des occupations illégale dans ces écosystèmes.
Si depuis 2020, un arrêté encadre la réalisation des projets dans les mangroves, notamment en révisant la liste des projets obligatoirement soumis à étude d’impact sur l’environnement, cet arrêté n’a pas permis de freiner l’hémorragie de la destruction des mangroves face au développement de la spéculation foncière. Conséquence, Libreville, la capitale gabonaise,, a perdu en trois ans, plus de 3% de ses mangroves. En considération aux données non prises en compte, ce chiffre peut être revu à la hausse.
Pour freiner la destruction de ces écosystèmes vitaux à la dynamique écologique des écosystèmes marins côtiers, le gouvernement via son ministère de l’Environnement, de l’Ecologie et du Climat a décrété récemment, la fin de l’anarchie et du désordre en lançant une opération coup de poing pour déguerpir ceux et celles qui ont investi les mangroves. Dans la foulée de cette opération, de part et d’autres de Libreville et Owendo, des familles ont été délogées et leurs constructions et activités détruites. Cette opération s’inscrit dans une dynamique de reprise en main des espaces naturels du Grand-Libreville, régulièrement menacés par l’urbanisation anarchique.
Expert dans l’identification et la Restauration des mangroves, ancien président de l’ONG Plurméa dont la mobilisation pour la dénonciation des occupations illégales des mangroves et la restauration de ces écosystèmes n’est plus a démontré, Landry Lignabou salue cette initiative qui selon lui, participe de la vitalité de ces écosystèmes. « Nous saluons l’action du gouvernement et nous sommes pour le déguerpissement de toutes les personnes qui habitent dans les mangroves. En fait, ces personnes ne mesurent pas l’impact des dégâts qu’elles causent, notamment au travers de la mauvaise gestion des déchets », explique-t-il.
Sous le magistère de l’ancien président de la République, Ali Bongo Ondimba, alors qu’il était encore président, l’ONG attirait déjà l’attention des autorités sur la nécessité de rétablir l’ordre dans les mangroves. Malheureusement, ces alertes sont restées lettres mortes. Nous avons adressé plusieurs courriers à la présidence depuis l’époque du président Ali Bongo Ondimba pour dénoncer justement ce qui se passait dans les mangroves de Mindoubé, Alenakiri, Angondjé et Ambowé. », a-t-il fait savoir.
L’occupation des mangroves à travers les projets immobiliers qui participent à sa destruction et la pollution de ces écosystèmes entrave la dynamique écologique et constitue un danger pour la survie des populations de façon générale. En effet, explique le Docteur Saint Bickolard Mabicka Iwangou, « l’occupation anarchique va avec la pollution. Et la pollution impacte négativement plus la faune aquatique (poissons, crabes, crevettes, etc.). S’agissant des palétuviers en fonction du degré de pollution, ça pourra soit ralentir leur croissance et donc diminuer la séquestration du carbone par les mangroves, soit causer leur mort ». Le danger est donc important.
Le Docteur Saint Bickolard Mabicka Iwangou est un spécialiste des Sciences du Bois et des Fibres. Il a beaucoup travaillé sur le fonctionnement de l’écosystème des mangroves. Selon lui, « ces déguerpissements permettront à la vase (sol de la mangrove) de se régénérer, ce qui pourra favoriser la régénération naturelle des mangroves ». Il existe donc une réalité de cause à effet entre les activités anthropiques, la vitalité des mangroves et de ses composantes. Malheureusement, cette réalité n’est pas connue des populations. « Ces personnes empêchent les poissons de se reproduire dans les zones de mangroves. Et ce sont des zones où il y a beaucoup de déversements d’hydrocarbure. Ça empêche même à la mangrove de filtrer les eaux qui reviennent du continent », ajoute l’Expert.
Pour restaurer les mangroves, il propose d’impliquer les ONGs. « Elles ont la connaissance et les ressources humaines disponibles, ainsi que du matériel pour le faire », fait-t-il savoir.
Au Gabon, la saignée des mangroves ne concerne pas uniquement Libreville, Mayumba et Port-Gentil qui sont des villes côtières sont également touchées par cette problématique. Raison pour laquelle il invite le gouvernement à étendre son action pour mesurer le problème dans sa globalité.
Michael Moukouangui Moukala