Organisé par le Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC), Libreville, la capitale gabonaise accueille du jeudi 10 au vendredi 11 juillet 2025, la Conférence sur la Criminalité Environnementale et le Conflit Homme-Faune. Cette rencontre de haut niveau réunira des représentants des gouvernements, des organisations de la société civile, des institutions de recherche, des partenaires techniques et financiers ainsi que des acteurs de terrain, afin d’échanger sur les défis croissants liés à la criminalité environnementale et aux interactions complexes entre les communautés humaines et la faune sauvage dans le Bassin du Congo.
Soutenue par la COMIFAC, la CEEAC et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de France, l’événement est mis en œuvre par l’Agence Française de Développement (AFD) et Expertise France, avec le soutien logistique de la République Gabonaise. Selon le communiqué du PFBC, la conférence vise à favoriser le dialogue, le partage d’expériences et l’élaboration de solutions concertées pour renforcer la gouvernance, la coopération régionale et la résilience des écosystèmes face aux défis imposés par la criminalité environnementale, la déforestation illégale et les conflits croissants entre l’homme et la faune. « En réunissant des experts et des décideurs, l’événement vise à trouver des solutions durables aux menaces qui pèsent sur les forêts du Bassin du Congo, un patrimoine vital pour l’équilibre climatique mondial », informe un communiqué.
La criminalité environnementale est en effet un problème grave qui menace l’équilibre des écosystèmes, perturbent les communautés locales et peuples autochtones dans le bloc forestier du bassin du Congo. Les activités illégales telles que l’exploitation forestière illégale, le braconnage et l’exploitation minière illégale sont monnaie courante et alimentées par des réseaux criminels organisés. Ces activités ont des conséquences désastreuses sur la biodiversité, le climat et les moyens de subsistance des populations. Et au constat, aucun pays n’est épargné par ce fléau. Ce qui est source de nouveaux défis tels que la question du Conflit homme-faune qui s’illustre particulièrement au Gabon.
Ces dernières années, ce conflit s’est exprimé au Gabon avec une force sans précédent, déséquilibrant la coexistence jadis pacifique entre l’homme et les animaux. De 2016 à 2023 par exemple au Gabon, plus de 13000 personnes ont été affectées par ce conflit, selon les chiffres officiels, avec plusieurs pertes en vies humaines. En représailles, plus de 100 éléphants ont été abattus en légitime défense. Le conflit n’épargne aucune région du pays, à l’exception de Libreville. Pour se prémunir de ce conflit, une Stratégie Nationale de Gestion du Conflit Homme-Faune (SNGCHF) et son plan d’action ont été finalisés en novembre 2024. Son adoption par le Gouvernement n’est pas encore effectif et il revient désormais à l’administration, aux ONGs et autres parties prenantes à la conservation au Gabon d’unir leurs efforts pour agir concrètement. Les échos de l’expression de ce conflit dans les autres pays sont aussi importants, à l’exemple de la République du Congo où ce conflit remodèle la façon des communautés locales de vivre.
Les États de la région, malgré leur volonté de privilégier la conservation tous azimuts, souffrent souvent d’un manque de moyens, de cadres juridiques harmonisés et de coopération internationale efficace pour juguler conservation et maintien des moyens de survie des communautés. Depuis plusieurs années, des initiatives scrutent cependant diverses solutions pour conjuguer lutte contre la criminalité environnementale et développement durable. La conférence sur la criminalité suit cette voie et devrait appuyer la création d’un nouveau protocole dédié à la criminalité environnementale sous la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée (UNTOC). Un tel protocole, apprend-on, permettrait d’harmoniser les lois, de faciliter les enquêtes transfrontalières, et de renforcer les capacités des États riverains du bassin. Ce qui permettra de juguler ce phénomène et répondre aux impératifs de conservation.
Michael Moukouangui Moukala