Organisé jeudi 10 juillet 2025 par le programme Recherches Appliquées en Écologie et Sciences Sociales porté par le CIFOR-ICRAF et financé par l’Union européenne (UE), soit quelques heures seulement après le lancement officielle de la Conférence sur la criminalité environnementale et le Conflit homme-faune (CHF), un Side Event a mis en avant la « criminalité » muette à partir de l’expérience de cinq études terrain portées par des chercheurs du programme.
Intitulé « Conflits et gestion des ressources forestières et fauniques en Afrique Centrale : entre approche communautaire, situation de crise et gouvernance internationale », les cinq thématiques mettaient en lumière, les méthodes dissuasives innovantes et approche SAFE du Conflit homme-faune au parc nationale de Waka au Gabon, les Premières réflexions sur les conflits humains/éléphants dans le nord-est du Gabon, le bilan environnemental du conflit du M23 en RDC, la Gestion du genre Guibourtia spp au Cameroun et les interactions communautaires suscitées par les externationalités négatives des exploitants forestiers au centre du Gabon.
Les travaux étaient portés par des scientifiques pointus tels que le Dr Steeve Ngama (Gabon), le spécialiste Etienne Bourel, le Dr Fergus Simpson de l’IOB-UAntwerp et Germain Mbock de l’Ecole nationale des Eaux et Forêts du Cameroun. Effectué sur une période de deux ans, les résultats du travail de terrain offre une compréhension assez diversifiée des problématiques touchants principalement le domaine de l’écologie, notamment l’impact des conflits armés sur la conservation de la biodiversité, la caractérisation d’une essence forestière spécifique, à savoir le genre Guibourtia spp (bubinga) et les interactions induites par les activités des forestières dans la partie centre du Gabon.
« Nous avons eu l’opportunité de pouvoir présenter ces travaux qui sont faits depuis deux ans, pour montrer comment les études sur les sciences sociales peuvent nous permettre de mieux comprendre les informations écologiques, et donc de mieux informer justement sur la prise de décision. Dans le cadre de ce travail, on a appuyé certains projets. Ce cadre était idéal pour pouvoir présenter leurs résultats et susciter beaucoup plus de réflexions dans le cadre de cette criminalité environnementale », a fait savoir le Professeur Marie-Louise Avana Tientcheu, Coordonnateur Adjoint CIFOR-ICRAF Cameroun et Coordonnateur des activités CIFOR en Afrique Centrale.
Si ces études interpellent face à l’urgence qu’impose la criminalité environnementale dans le bassin du Congo et la pression que la question du Conflit homme-faune fait peser sur la sécurité et les moyens de subsistance des communautés locales, ces travaux scientifiques doivent être perçu comme des outils d’aide à la décision. Surtout que paradoxalement, se dresse dans le même temps, le constat selon lequel, plus on protège la biodiversité, plus les menaces multiformes se présentent. En effet, fait remarquer insidieusement le Professeur, le fait que la population des animaux augmente dans un milieu quelconque, cela crée des tensions avec les communautés. Le cas du Gabon, avec ses 95 000 individus d’éléphants et les conflits suscités par cette augmentation de la population de ces animaux permet d’épouser la réflexion du Professeur.
« Je pense que dans tous les cas, nous devons travailler de manière coordonnée, en synergie, aussi bien les scientifiques, les politiques, la communauté que la société civile pour pouvoir ensemble garantir que nous avons tous les mêmes objectifs et pour pouvoir s’assurer que nos objectifs communs sont atteints », a conclu le Professeur consciente du dilemme suscité par les différentes études et les enjeux liés à la collaboration qu’elles suscitent.
Michael Moukouangui Moukala