Dix-sept ans après sa signature, l’Accord de Conversion de Dettes (ACD) entre la France et le Gabon poursuit sa trajectoire ascendante. Ce partenariat stratégique, qui transforme une dette bilatérale en financements pour la gestion durable des écosystèmes forestiers gabonais, vient d’atteindre une nouvelle phase de concrétisation à l’issue de la 15ᵉ réunion de son Comité d’Orientation Stratégique (COS).
Mis en œuvre depuis 2008, l’Accord de Conversion de Dettes (ACD) a permis de réinjecter près de 32,8 milliards de francs CFA – environ 50 millions d’euros – dans des projets visant à renforcer la gouvernance forestière, la protection de la biodiversité et à structurer la filière bois gabonaise. De nombreux programmes ont déjà vu le jour dans ce cadre, dont le Projet Éléphant Gabon, le PAFFB ou encore le projet Arc Émeraude.
Une 14ᵉ réunion centrée sur le renforcement des capacités
Alors que la 14ᵉ réunion du Comité d’Orientation Stratégique (COS) s’est tenue le 1ᵉʳ août 2024 à Libreville, coprésidée par Maurice Ntossui Allogo, ministre des Eaux et Forêts et Alexis Lamek, ancien Ambassadeur de France au Gabon, un nouveau projet structurant a été présenté : le RIMOSD (Renforcement des Infrastructures et des Moyens Opérationnels des Structures Déconcentrées). Ce projet vise à combler un important déficit en matière de moyens logistiques et humains dans les directions provinciales du ministère des Eaux et Forêts.
La 15ᵉ réunion entérine le passage à l’action
Un an plus tard, la 15ᵉ session du COS, tenue à Libreville sous la présidence conjointe du même ministre des Eaux et Forêts et du nouvel Ambassadeur de France au Gabon, Fabrice Mauries, a marqué un tournant : le projet RIMOSD a été officiellement validé pour lancement opérationnel. Ce programme, désormais inscrit dans la programmation de l’ACD, prévoit la dotation d’équipements aux antennes déconcentrées (véhicules, moyens numériques, matériels de contrôle), la formation et l’encadrement de plus de 100 agents forestiers, la mise en place de nouveaux outils de traçabilité du bois, ainsi que le renforcement des capacités de lutte contre la criminalité environnementale.
Une enveloppe prévisionnelle en hausse
Selon les premières estimations techniques, près de 10 millions d’euros pourraient être mobilisés pour ce seul projet, soit près de 20 % des engagements financiers totaux de l’ACD depuis son origine. Un chiffre qui témoigne de la priorité accordée à la territorialisation des politiques forestières et à la modernisation du contrôle sur le terrain. En effet, l’espace d’un an, le projet RIMOSD est ainsi passé de l’état de concept à une phase active de mise en œuvre. Cette continuité entre les deux dernières réunions du COS illustre la stabilité du partenariat franco-gabonais, mais aussi sa capacité à monter en puissance sur des enjeux techniques.
Les prochaines étapes porteront sur l’évaluation des premiers résultats dès 2026. La réussite du RIMOSD pourrait faire de ce projet, un modèle de coopération environnementale bilatérale, capable d’inspirer d’autres modèles pour les pays forestiers du bassin du Congo.
Wilfried Mba Nguema