Lors de sa visite officielle à La Havane, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a signé, aux côtés du président cubain Miguel Díaz-Canel, trois accords bilatéraux destinés à relancer la coopération entre les deux pays — dont un protocole ciblé sur l’agriculture et l’élevage. Au cœur de cette signature gabonaise, l’autosuffisance alimentaire.
La rencontre, qui intervient juste après l’intervention du chef de l’État gabonais à l’Assemblée générale des Nations Unies, vise à diversifier les partenariats internationaux de Libreville et à mobiliser des savoir-faire concrets pour des projets structurants. Les trois documents signés couvrent un accord-cadre de coopération, un accord relatif à l’exécution des peines (coopération judiciaire) et — point focal de cette visite — un accord de coopération agricole et d’élevage. Ces mesures traduisent une volonté politique claire : traduire la diplomatie en projets techniques et économiques.
Le troisième accord — contenu et premières lignes d’action
Selon la communication officielle, le volet agricole prévoit une coopération ciblée entre les ministères en charge de l’agriculture des deux pays, l’échange d’expertises et la mise en œuvre de projets pilotes, notamment dans le domaine de l’élevage de volailles (poulet de chair) dont le Gabon veut interdire l’importation à l’horizon 2027. Durant sa visite, le président gabonais s’est rendu au groupe LABIOFAM, dont les responsables ont exprimé leur disponibilité à accompagner Libreville dans la mise en œuvre de filières agricoles et d’intrants adaptés.
Pourquoi Cuba ?
Cuba développe depuis des décennies des compétences reconnues en biotechnologie, en production d’intrants biologiques et en solutions vétérinaires adaptées aux systèmes tropicaux. Le groupe LABIOFAM, entité publique spécialisée, dispose d’unités de production et d’un portefeuille de bioproduits pour l’agriculture et l’élevage — expérience exportable et éprouvée dans plusieurs pays. Cette expertise technique (contrôle biologique des ravageurs, vaccins vétérinaires, additifs et technologies de production) est précisément ce que recherche le Gabon pour réduire sa dépendance aux importations alimentaires.
Impacts attendus et enjeux économiques
Si les engagements sont tenus, l’accord pourrait accélérer la réalisation des objectifs gabonais de réduction des importations alimentaires et de renforcement de la filière avicole nationale. Des sources rapportent d’ores et déjà, l’ambition gabonaise de diminuer fortement sa facture d’importation alimentaire en s’appuyant sur des partenaires techniques comme Cuba. Sur le papier, un transfert de technologies et la création de fermes pilotes — couplés à des formations pour les éleveurs — permettraient d’augmenter la production nationale de poulet de chair et d’amorcer la sécurisation des chaines d’approvisionnement.
Perspective géopolitique
Cet accord agricole s’inscrit dans une tendance plus large de renforcement de la coopération Sud-Sud, où les pays africains cherchent des partenariats techniques alternatifs aux modèles traditionnels occidentaux. Pour le Gabon, Cuba apporte un savoir-faire adapté aux tropiques et une capacité industrielle (Labiofam, réseaux de distribution) utile pour accélérer la filière avicole et tendre vers l’autosuffisance. Le succès dépendra toutefois d’une mise en œuvre rigoureuse, de financements ciblés et d’une adaptation fine des technologies au terrain gabonais. La visite de La Havane marque donc le début d’une étape concrète — diplomatique autant que technique — dont la valeur réelle se mesurera dans les fermes pilotes et dans l’assiette des Gabonais.





