Du 14 au 16 octobre 2025, la capitale thaïlandaise, Bangkok, a accueilli la session 2025 du Wildlife Inter-Regional Enforcement (WIRE). Une initiative phare de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC). Cette rencontre internationale, qui a réuni plus de 140 participants venus de 32 pays, a une fois de plus, mis en lumière l’ampleur du trafic des espèces sauvages et la nécessité d’une coopération mondiale accrue pour en venir à bout.
Le WIRE, créé par l’ONUDC en 2014, constitue une plateforme stratégique d’échanges d’informations, d’expériences et de bonnes pratiques entre les services d’application de la loi, les autorités judiciaires et les institutions environnementales. La récente session de Bangkok a été marquée par un mot d’ordre fort : « il faut un réseau pour vaincre un réseau ». Cette formule résume la philosophie du programme : face à des trafics transnationaux structurés, seule une réponse coordonnée, basée sur le partage d’intelligence et de moyens techniques, peut être efficace.
Le trafic de la faune sauvage demeure l’un des crimes environnementaux les plus lucratifs au monde, estimé à plus de 20 milliards de dollars par an selon l’ONUDC. Il contribue à la dégradation de la biodiversité, au financement du crime organisé et à la fragilisation de la sécurité régionale. Les réseaux criminels exploitent les mêmes routes que celles de la drogue ou des armes, rendant indispensable une approche intégrée entre douanes, justice, défense et environnement.
Une délégation gabonaise active et stratégique
Le Gabon, reconnu depuis plusieurs années comme un acteur majeur de la conservation en Afrique centrale, a pris part à cette session par le biais d’une délégation conjointe de la présidence de la République et l’Administration des Douanes. Cette présence témoigne de la volonté du pays de renforcer son dispositif institutionnel et opérationnel de lutte contre les trafics liés aux ressources naturelles.
Selon des sources proches de la délégation(https://www.linkedin.com/in/hubert-claude-ella-ekogha-06b68284/), le Gabon a présenté ses récents progrès en matière de traçabilité des produits forestiers et fauniques, notamment grâce à l’intégration de nouvelles technologies de contrôle et de renseignement. Ces efforts s’inscrivent dans la continuité des actions menées par l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) et les services douaniers pour démanteler les filières de braconnage et d’exploitation illégale du bois.
Lors de la session, la délégation gabonaise a également eu un entretien bilatéral avec son homologue de la République populaire de Chine. Les discussions ont porté sur le renforcement de la coopération judiciaire et des enquêtes financières relatives aux crimes environnementaux, un axe souvent négligé mais crucial pour assécher les flux financiers issus du trafic.
Entre défis et perspectives
Le WIRE 2025 a souligné les nombreux défis persistants : porosité des frontières, insuffisance des moyens logistiques, corruption, lenteur judiciaire, mais aussi, manque de données partagées entre les régions. Le Gabon, en exposant ses initiatives de surveillance et de contrôle, a rappelé que la lutte contre ces trafics ne peut se limiter à la répression. Elle doit intégrer la prévention, la formation et la sensibilisation des communautés locales.
Des études de l’ONUDC et du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) montrent que le trafic des espèces sauvages touche directement la résilience des populations rurales, en privant les États de revenus légaux et en alimentant des circuits de criminalité transfrontalière. Pour les experts présents à Bangkok, la coopération Sud-Sud — entre l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine — représente une nouvelle voie pour renforcer la traçabilité et les capacités d’enquête.
Un message clair : la coopération ou l’échec
« Il faut un réseau pour vaincre un réseau », tel est le principal enseignement de la session de Bangkok. Cette formule prend tout son sens dans un contexte où les trafiquants utilisent désormais des technologies avancées et des circuits financiers numériques pour contourner les contrôles.
Pour le Gabon, cette rencontre consolide sa position au sein des alliances internationales contre le crime environnemental. Le pays, salué pour son engagement constant dans la protection de la biodiversité, entend transformer cette reconnaissance en un modèle africain de gouvernance écologique.
Le WIRE 2025 n’a pas seulement été une tribune de dialogue, mais un rappel : la lutte contre le trafic de la faune sauvage est désormais un combat pour la paix, la sécurité et la souveraineté des nations. Et sur ce terrain, le Gabon compte bien jouer un rôle moteur.
Wilfried Mba N.




