Si les éléphants des forêts du bassin du Congo sont connus pour leur appétit pour la végétation et les fruits sauvages, ces mammifères apprécieraient par-dessus tout, la papaye. Dans une étude publiée dans la revue scientifique British Ecological Society intitulée « Les champs cultivés sont-ils des pharmacies pour les mégaherbivores ? D’après des études écophysiologiques sur les éléphants (Loxodonta cyclotis) ravageurs de cultures au Gabon », plusieurs scientifiques apportent une réponse assez surprenante.
Les éléphants saccagent vos plantations en partie à cause de leur préférence pour les papayes. Selon des chercheurs gabonais et anglais, ayant étudié les « facteurs physiologiques à l’origine du pillage des cultures par les éléphants (…) » cette possibilité est plus qu’évidente.
Les résultats de leurs travaux, sans appel, montrent en effet, pour la première fois, que les éléphants de forêt peuvent augmenter la fréquence de leurs pillages de cultures à cause de deux facteurs : l’automédication et leur préférence pour les papayes. L’analyse de la prévalence du parasitisme (PP) dans les bolus alimentaires (matière fécale) a montré une augmentation de la consommation de bananes et de papayes de 16% et 25% respectivement, tandis que l’augmentation de l’intensité du parasitisme (IP) dans les bolus a entraîné une augmentation de la consommation de bananes et de papayes de 0,1%.
Pour les chercheurs : « aucune prédiction de ce type n’a été observée pour les autres cultures (manioc et palmier à huile), ni pour la consommation d’espèces sauvages ». Elargissant l’explication ils suggèrent que « les éléphants choisissent certaines parties des plantes lors de leurs pillages, dans le cadre d’une forme d’automédication », un aspect peu étudié du Conflit homme-éléphant (CHE) au Gabon qui met cependant en filigrane dans le traitement de cette question, les aspects « physiologiques ».
En dépit de ce tableau scientifique, l’éléphant reste néanmoins d’une importance capitale pour l’équilibre des écosystèmes forestiers. En tant qu’architecte de la forêt, estiment les scientifiques, la connaissance de ces facteurs pourrait aider les populations humaines à faire face aux problèmes de santé actuels et futurs.
« Une meilleure compréhension de ce comportement d’automédication peut permettre aux communautés cohabitant avec les éléphants de forêt de se concentrer sur les bienfaits plus larges pour la santé plutôt que sur le seul problème immédiat des dégâts aux cultures », soutiennent les chercheurs.
Michael Moukouangui Moukala




