Hier, lundi 13 octobre 2025, l’Agence gabonaise pour le développement de l’économie verte (Agadev) a lancé à Libreville, le Comptoir national des produits forestiers autres que le bois d’œuvre (PFABO), baptisé Maivou. Placé sous le haut patronage de la Première dame du Gabon, Zita Oligui Nguema, ce projet inédit ambitionne de transformer les richesses naturelles du pays en leviers concrets de développement économique et social.
Selon les prévisions de l’Agadev, Maivou générera à l’horizon 2032, un produit intérieur brut de 750 milliards de francs CFA, dont 150 milliards pour l’État, avec plus de 20 000 bénéficiaires directs, majoritairement des femmes et des jeunes.
Une nouvelle étape dans la valorisation du patrimoine forestier gabonais
Avec 88 % de son territoire couvert de forêts, le Gabon abrite plus de 11 000 espèces végétales et environ 20% des espèces d’arbres connues d’Afrique centrale. Pourtant, les produits forestiers non ligneux — comme le miel, les fruits sauvages, les écorces médicinales, les champignons ou les huiles naturelles — restent largement sous-exploités. Leur potentiel économique est estimé à plus de 150 milliards de francs CFA par an, selon une étude conjointe du PNUE et de la FAO (2023). C’est cette valeur cachée que le Comptoir Maivou entend révéler.
« À travers la création de ce comptoir national, le Gabon confirme sa volonté de concilier économie et écologie, production et protection », a déclaré la Première dame Zita Oligui Nguema, marraine du projet. Elle a par ailleurs rappelé que les forêts gabonaises, souvent perçues comme un sanctuaire écologique, sont aussi le « cœur de notre monde et une source d’opportunités économiques » si selon elle, leur exploitation reste raisonnée et durable.
Un guichet unique pour une économie forestière inclusive
Pour Scyrielle P. Sende Etali, administratrice-directrice générale de l’Agadev, le Comptoir Maivou se veut avant tout un guichet unique pour améliorer la coordination entre les services de l’État, les acteurs privés et les communautés locales. « L’impact social du Comptoir National ne se fera pas attendre ; plus de 20 000 Gabonais, en majorité des femmes et des jeunes, bénéficieront de revenus réguliers, porteurs d’autonomisation, de dignité et de stabilité économique », a-t-elle affirmé, précisant que le Comptoir ne se substitue pas aux entreprises privées, mais les accompagne dans la régulation, la traçabilité et la valorisation des produits forestiers non ligneux.
Il vise également à attirer plus de 6 milliards de francs CFA d’investissements d’ici à 2032, dans un cadre réglementaire inspiré du Protocole de Nagoya sur la bio-prospection et le partage équitable des bénéfices issus de la biodiversité.
Un instrument stratégique pour la souveraineté économique et écologique
Le ministre des Eaux et Forêts, Maurice Ntossui Allogo a salué une initiative alignée sur la vision du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui fait de l’économie verte un pilier du développement national. « Le Gabon, avec ses 13 parcs nationaux et 20 aires marines protégées, démontre qu’il est possible d’allier conservation et prospérité. Le Comptoir Maivou en sera la preuve vivante », a-t-il fait savoir.
Selon lui, le projet permettra non seulement de réguler les circuits commerciaux, mais aussi de renforcer les moyens d’existence durables dans les zones rurales. Une partie des revenus générés sera reversée au Fonds d’investissement communautaire, destiné à financer des projets locaux (éducation, santé, infrastructures rurales) dans les zones forestières.
Un impact social et territorial majeur
Au-delà de sa portée économique, le Comptoir Maivou répond à un enjeu social profond. Dans plusieurs provinces, notamment dans le Woleu-Ntem, la Ngounié et l’Ogooué-Ivindo, les femmes assurent plus de 70 % de la collecte et de la transformation des produits forestiers non ligneux.
En intégrant ces actrices au cœur du dispositif, le projet ambitionne de formaliser un secteur souvent informel et d’y injecter de la valeur ajoutée locale. Cette démarche s’inscrit dans la continuité des politiques nationales de diversification économique initiées depuis plusieurs années, lesquelles visent à réduire la dépendance aux hydrocarbures.
Pour plusieurs observateurs, Maivou pourrait devenir un modèle africain d’économie circulaire fondée sur la nature et la participation communautaire.
Un pas vers une économie verte inclusive
L’ambition du Gabon, saluée par les partenaires internationaux, est claire : transformer sa richesse écologique en prospérité partagée.
Selon la Banque mondiale, la mise en valeur durable des ressources naturelles pourrait créer plus de 50 000 emplois verts au Gabon d’ici à 2035, si elle s’appuie sur des instruments structurants comme Maivou.
À travers cette initiative, le pays confirme son leadership environnemental tout en amorçant une transition vers une économie post-pétrolière. Le Comptoir national ouvrira quant à lui, officiellement ses portes le 1er janvier 2026.
Entre la forêt et l’avenir, le Gabon a choisi de ne plus seulement couper : il transforme. Le Comptoir Maivou est la preuve qu’écologie et économie peuvent enfin parler le même langage.
Wilfried Mba N.




