Une récente étude publiée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient surprendre les habitudes de consommation et remettre en perspective certaines certitudes sur les bouteilles en verre. Selon cette agence, les bouteilles en verre seraient plus exposées à la présence de micro-plastiques que les bouteilles en plastique ou les canettes, selon des analyses publiées le 20 juin.
Cette étude avait pour objectif d’« évaluer le niveau de contamination de plusieurs boissons – eau, soda, thé glacé, vin, bière – en fonction de leur contenant », selon l’Anses. Les résultats montrent qu’« à l’exception du vin, la quantité de micro-plastiques est 5 à 50 fois moindre dans les bouteilles en plastique ou les canettes » que le verre.
Un constat surprenant, car le verre est généralement perçu comme une option plus sûre et plus respectueuse de l’environnement, notamment en matière de réutilisation. Problème, le marché mondial des bouteilles et récipients en verre enregistre depuis 2024, une fulgurante croissance de 4,33 % et devrait atteindre 1,03 billion d’unités d’ici 2029.
Une contamination liée aux capsules
Les scientifiques avancent une explication technique : « les micro-plastiques trouvés correspondent à la couleur et à la composition de la peinture des capsules ». Autrement dit, les particules ne proviendraient pas directement du verre, mais du dispositif de fermeture, notamment les capsules métalliques recouvertes de peintures ou vernis.
Pour confirmer cette hypothèse, les chercheurs ont rempli des bouteilles en verre avec de l’eau filtrée et nettoyé préalablement les capsules. Résultat : une baisse significative de la quantité de micro-plastiques détectés. « Ces résultats permettent d’identifier une source de présence de micro-plastiques dans les boissons contre laquelle les industriels peuvent facilement prendre des mesures », souligne l’Anses.
Un sujet d’intérêt pour les acteurs industriels au Gabon
Au Gabon, ces données scientifiques devraient susciter un intérêt particulier. En effet, depuis plusieurs années, les contenants en verre sont largement utilisés, notamment par la Société des Boissons Rafraîchissantes du Gabon (Sobraga), principal producteur de boissons alcoolisées et non alcoolisées du pays. Le modèle basé sur la consigne et la réutilisation du verre s’inscrit dans une démarche de réduction des déchets et d’économie circulaire.
Dans ce contexte, les résultats de l’Anses ne remettent pas en cause l’usage du verre en lui-même, mais mettent en lumière des aspects techniques à surveiller, en particulier dans le processus de bouchage. Il s’agit d’une opportunité d’analyse et d’amélioration continue, en lien avec les normes de sécurité sanitaire qui évoluent avec les connaissances scientifiques.
Repenser l’innovation dans une logique de responsabilité
Cette étude souligne aussi un point fondamental : les solutions durables doivent continuellement être évaluées à la lumière des avancées scientifiques. Si le verre reste une alternative écologique reconnue, son association avec certains types de capsules peut nécessiter des ajustements techniques, sans pour autant remettre en cause son intérêt environnemental.
Cette découverte appelle à une vigilance partagée : consommateurs, scientifiques et industriels ont un rôle complémentaire à jouer pour garantir à la fois la sécurité sanitaire et la durabilité des modes de consommation.
Wilfried Mba Nguema