Le Gabon confirme son engagement pour un développement durable en lançant officiellement la phase de renforcement du projet Blue Bonds. Un atelier s’est tenu à cet effet du 16 au 17 juillet 2025, organisé par le ministère de la Mer, de la Pêche et de l’Économie Bleue avec la participation du Conseil National Climat (CNC). Objectif affiché : permettre à l’équipe nationale de supervision de s’approprier les enjeux de ce mécanisme financier novateur, au cœur d’une stratégie de préservation du patrimoine maritime national.
Lancé en partenariat avec LE Fonds pour la Biodiversité du Gabon (FPBG), l’Unité de Gestion du Projet Blue Bonds (UGP-BB) et l’ONG américaine The Nature Conservancy (TNC), le projet Blue Bonds s’inscrit dans une démarche de finance durable, qui permet de lier gestion de la dette publique à la protection de la biodiversité marine.
Signé en 2023, l’accord prévoit la conversion d’une partie de la dette du Gabon en obligations bleues, une innovation de plus en plus utilisée à l’échelle mondiale pour financer des actions environnementales. Ce projet vient renforcer les engagements du Gabon en matière de climat et de biodiversité, notamment à travers le processus de Planification de l’Espace Marin (PEM), avec pour objectif d’étendre la surface des aires marines protégées à 30 % du territoire maritime national.
Convertir la dette en obligations bleues : comment ça marche ?
Concrètement, convertir une partie de la dette publique en obligations bleues, c’est réorganiser une dette existante pour la rendre plus utile, plus responsable et plus durable. En effet, le mécanisme fonctionne en plusieurs étapes : une institution partenaire, comme TNC, rachète ou refinance une partie de la dette du Gabon à de meilleures conditions ; en échange, le Gabon s’engage à utiliser les économies réalisées (taux d’intérêt plus bas, délais allongés) pour financer des projets liés à la conservation des écosystèmes marins. Le pays émet alors des obligations bleues (Blue Bonds) – des titres de créance spécifiquement conçus pour financer des actions comme la surveillance des aires marines, la protection de la faune océanique ou encore la lutte contre la pollution côtière.
Ce mécanisme permet donc de réduire le poids de la dette tout en orientant les ressources vers des projets à fort impact environnemental et social. Il constitue une réponse concrète au double défi du sursaut économique et de la transition écologique.
Un engagement fort pour la souveraineté maritime du Gabon
L’atelier de Libreville marque donc une étape décisive dans l’opérationnalisation du projet. Et pour cause, a fait savoir Laurence Ndong, ministre de la Pêche et de la Mer, « ce projet n’est pas un prêt ordinaire. C’est un acte de souveraineté ». L’équipe nationale en charge du suivi est appelée à maîtriser tous les rouages de ce dispositif pour garantir une cohérence avec les priorités du gouvernement.
Durant les deux jours d’ateliers, les participants ont examiné les fondements techniques, juridiques et financiers du projet, identifiant les convergences avec les politiques publiques. À travers ce projet, le Gabon s’impose comme un pionnier en Afrique en matière de financement climatique innovant. Ce choix stratégique ouvre également de nouvelles perspectives en matière d’investissements verts et d’emplois durables, notamment dans les domaines de la pêche artisanale, de l’écotourisme et de la gestion côtière.
Avec les Blue Bonds, le Gabon transforme un poids financier en un levier écologique et économique. Une démarche exemplaire, saluée par les partenaires internationaux et porteuse d’un avenir plus résilient pour les générations à venir.
Wilfried Mba Nguema