Dans une étude d’un genre nouveau, le Fonds Nations unies pour l’agriculture (FAO) a mis au jour, en collaboration avec des experts des quatre coins de la planète, des informations sur la situation des mangroves dans le monde. Le rapport dresse également un aperçu des facteurs qui favorisent le développement de ces écosystèmes forestiers et de ceux qui entraînent leur recul. Révélations de l’étude.
Produits forestiers, alliées pour la biodiversité, environnement propice à la pêche, réservoirs halieutiques, hospices touristiques, réservoirs de carbone, remparts contre les aléas naturels, tels que les tempêtes, l’érosion et les tsunamis, les mangroves jouent un rôle stratégique dans la régulation du climat et de la biodiversité, la sécurité alimentaire et la protection des zones côtières. En dépit de ces importances, les écosystèmes de mangroves sont l’objet de pression anthropiques multiformes à travers la planète.
Pour comprendre l’ampleur de ces pressions sur ces écosystèmes exceptionnels, la FAO a mené une étude globalisée à travers la planète. L’étude a été basée sur l’utilisation d’une base d’échantillonnage identique à celle de l’enquête par télédétection menée pour l’Évaluation des ressources forestières mondiales 2020. Les parcelles d’échantillonnage aléatoire ont été classées à partir des images satellitaires et connaissances empiriques des experts locaux, pour déterminer l’évolution des mangroves entre 2000 et 2020. La plateforme infonuagique Collect Earth Online (CEO), qui a été mise au point de manière collaborative par le programme SERVIR de la NASA et la FAO, a ainsi permis l’interprétation visuelle des échantillons.
Ainsi, en 2020, si la superficie mondiale des mangroves est évaluée par le rapport de la FAO à 14,8 millions d’hectares, cette superficie a enregistré un gain de surface de 393 mille hectares de mangroves entre 2000 et 2020. A l’opposé, 677 mille hectares de mangroves ont été perdus au cours de la même période.
Selon le constat de la FAO à la suite de ces révélations statistiques, il ressort que les mangroves sont réparties de manière inégale dans le monde. En effet, la plus grande partie des mangroves se trouve en Asie du Sud et du Sud-Est et le reste principalement en Amérique du Sud, en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale, en Amérique du Nord, en Amérique centrale et en Océanie.
L’aquaculture (26,7%) et le recul naturel (25,9%) des mangroves sont les principaux facteurs de perte de superficie de ce milieu. Les autres facteurs sont, entre autres, la conversion de terres aux fins de la culture de palmiers à huile et la riziculture ainsi que l’établissement direct de populations. Il faut cependant noter que l’ampleur de ces facteurs dépend d’un pays à un autre et que la situation présentée révèle un caractère global.
« Les mangroves constituent un écosystème exceptionnel, entre terre et mer. Elles sont utiles à toute l’humanité, car elles participent à la lutte contre le changement climatique, contribuent aux moyens de subsistance, favorisent la biodiversité et apportent aussi d’autres bienfaits », explique le rapport de la FAO. Pour pérenniser ce rôle, les Etats doivent accentuer les actions de préservation de ces écosystèmes.
Michael Moukouangui Moukala