Ce document de la Commission, publié en juillet 2025, dessine les contours d’un nouvel instrument volontaire de contribution à la conservation de la biodiversité et à la restauration des écosystèmes naturels. Détaille avec le regard scientifique d’Alain Karsenty, Économiste et chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad)
Dans son article, Alain Karsenty met en lumière les principes fondateurs de cette approche : la dissociation claire entre certification (attestant la mise en œuvre de pratiques vertueuses) et crédit nature (unités monétisables émises une fois les résultats biodiversité atteints). Ces deux étapes permettent à la fois de mobiliser des investissements initiaux et de récompenser les impacts mesurés sur la nature.
Un instrument de contribution, et non de compensation
L’un des points cruciaux relevés par Karsenty est que les crédits nature, selon la CE, ne doivent pas être confondus avec des mécanismes de compensation environnementale : ils ne peuvent se substituer à des obligations légales dans le cadre de la séquence ERC (Éviter-Réduire-Compenser). Il s’agit plutôt d’un système volontaire, ouvert à des contributions d’agriculteurs, de forestiers ou d’opérateurs privés aux politiques nationales de restauration.
L’ATIBT salue cette clarification, qui selon elle, rejoint sa propre vigilance quant à l’usage du concept de compensation. La promotion d’initiatives proactives, alignées sur les réalités du terrain et les pratiques responsables déjà en œuvre, est essentielle.
Des enjeux de gouvernance, de transparence et de marché
L’analyse souligne également plusieurs zones d’ombre à éclaircir : cycle de vie des crédits, gouvernance des registres, marché secondaire, droits de propriété, statut fiscal ou comptable des crédits utilisés dans le reporting RSE. Karsenty note à juste titre que le caractère « monétisable » des crédits nature pose de nombreuses questions pratiques et éthiques. La proposition de la CE de laisser se structurer les marchés localement avant une éventuelle régulation à l’échelle européenne mérite d’être suivie avec attention.
Pour les acteurs de la filière forêt-bois, notamment ceux engagés dans la gestion durable et la certification, cette réflexion sur les mécanismes de valorisation des services écosystémiques est d’un grand intérêt. Le lien possible entre certification forestière et contribution volontaire à la biodiversité offre des perspectives nouvelles, mais soulève aussi des précautions à formuler, notamment en matière d’intégrité environnementale et de clarté réglementaire.
Ce texte d’Alain Karsenty constitue une clé de lecture précieuse de la feuille de route européenne. L’ATIBT invite ses membres à prendre connaissance de cette analyse, en lien direct avec les discussions en cours sur les marchés de la biodiversité, les paiements pour services environnementaux, et plus largement les instruments économiques de la transition écologique.
La Lettre Verte avec ATIBT