La capitale éthiopienne a été, début septembre, le théâtre de deux rendez-vous majeurs consacrés au climat : le deuxième Sommet africain sur le climat (7-9 septembre) et la 2e édition de l’African Climate Week. Le Gabon, par sa double participation, a consolidé son rôle de pionnier africain dans la contribution carbone et confirmé une diplomatie environnementale de plus en plus structurée et visible sur la scène continentale.
Lors du Sommet africain sur le climat, qui a réuni chefs d’État et de gouvernement, le Gabon s’est distingué par les hommages rendus à son modèle de gestion écologique. Le président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, a salué « l’exemple inspirant » de Libreville, soulignant que le pays s’affirme comme « l’un des pionniers africains dans la valorisation de son capital naturel ».
Dans son allocution du 8 septembre, il a exhorté les autres États du continent à s’inspirer de l’initiative African Sovereign Carbon Agency, portée par le Gabon : « Harmonisée à l’échelle continentale, cette contribution peut constituer un maillon non négligeable dans la chaîne du financement de la transition écologique », a-t-il fait savoir.
Avec près de 88 % de son territoire recouvert de forêts, le Gabon est considéré comme un poumon vert du continent, contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique tout en expérimentant des solutions innovantes de financement vert. En janvier dernier, Libreville a lancé, via l’Agence Gabonaise pour le Développement de l’Économie Verte (AGADEV), plusieurs mécanismes de monétisation des crédits carbone, renforçant la transparence dans la gestion de ce marché émergent.
Une diplomatie active lors de l’African Climate Week
En parallèle, la délégation gabonaise a pris part à l’African Climate Week, une plateforme technique et diplomatique qui a réuni experts, institutions et représentants gouvernementaux. Conduite par Lilly Stella Nguema Ndong, Ambassadeur du Gabon en Éthiopie et représentante permanente auprès de l’Union africaine (UA), de la CEA et du PNUE, la délégation comprenait également Sébastien Nzigou, Christophe Nanga, Prudence Rozounguet et Thierry Abessolo.
Au-delà de la cérémonie d’ouverture, les représentants gabonais ont participé à plusieurs sessions thématiques, dont une consacrée à la relation entre changement climatique, paix et sécurité. Cette question revêt une importance particulière pour l’Afrique, où les crises climatiques exacerbent les vulnérabilités sociales, économiques et sécuritaires. En s’investissant dans ce débat, le Gabon illustre sa volonté d’intégrer la dimension climatique dans les politiques de stabilité et de développement du continent.
L’Afrique en quête de souveraineté carbone
Les échanges d’Addis-Abeba traduisent une ambition collective, qui est de doter l’Afrique d’une véritable souveraineté carbone. Le Gabon et Djibouti, premiers pays africains à mettre en œuvre une contribution carbone souveraine dans le secteur du transport maritime via l’Africa Sovereign Carbon Registry Foundation, ouvrent la voie à un modèle continental qui dépasse la seule posture défensive face aux impacts climatiques. Le message est clair : l’Afrique ne veut plus être perçue uniquement comme une victime du réchauffement climatique, mais comme un acteur majeur des solutions mondiales.
Un rôle stratégique pour le Gabon
En conjuguant une présence au plus haut niveau politique lors du Sommet et une participation active dans les discussions techniques de l’African Climate Week, le Gabon confirme une stratégie de diplomatie verte articulée autour de deux axes, notamment : la valorisation de ses atouts naturels, notamment sa couverture forestière et son potentiel en crédits carbone ; l’engagement dans les négociations internationales, en se présentant comme partenaire crédible et stratégique sur les questions climatiques.
Cette double reconnaissance – politique et technique – contribue à renforcer la position du Gabon comme acteur central des transitions écologiques en Afrique. Elle met aussi en évidence un défi majeur, qui est de transformer cette visibilité en retombées concrètes pour les populations, en liant protection des écosystèmes, croissance durable et stabilité régionale.
Wilfried Mba Nguema