À Libreville, la décharge de Mindoubé est devenue un symbole des défis liés à la gestion des déchets par le Gouvernement. Située en pleine zone urbaine, elle soulève des préoccupations environnementales et sanitaires majeures, tout en témoignant des lacunes dans le système de gestion des ordures au Gabon.
À Mindoubé, des montagnes de déchets s’étendent à perte de vue, libérant une odeur pestilentielle qui perturbe le quotidien des habitants. Cette décharge à ciel ouvert, située dans le 5ᵉ arrondissement de Libreville, est mise en service dans les années 1980. Illustre les limites logistiques de la capitale tout en ayant un impact considérable sur l’environnement et la santé des résidents.
Sa création visait à accompagner l’expansion urbaine de Libreville. Au départ, elle était initialement aménagée pour recevoir un volume limité d’ordures. Aujourd’hui, elle est à saturation avec une estime de dépôt de 600 et 800 tonnes de déchets par jour, bien au-delà de ses capacités.
En effet, lors de son aménagement, le site devrait permettre une gestion centralisée des déchets. Cependant, l’absence de mécanismes modernes, tels que le tri ou le traitement des détritus, a conduit à l’accumulation de plastiques, déchets organiques, batteries usées et autres matériaux nocifs. Résultat : des liquides toxiques provenant de la décomposition polluent les sols et les nappes phréatiques, aggravant la crise environnementale.
Cette mutation n’est pas sans conséquence sur la vie des populations environnantes. A Mindoubé, les habitants subissent de plein fouet les effets de cette pollution. L’eau des puits est désormais inutilisable, et de nombreux résidents, en particulier les enfants, tombent constamment malades. « L’eau des puits est désormais impropre à la consommation, ce qui expose nos enfants à des problèmes de santé fréquents liés à la qualité de l’eau », regrette Justine, une résidente de Mindoubé.
Les fumées toxiques générées par les réactions de combustion spontanée dans la décharge affectent la qualité de l’air. Les populations environnantes, dont de nombreux enfants, souffrent de maladies respiratoires chroniques. « La semaine dernière, la fumée était persistante, et en cette saison pluvieuse, les conditions de vie deviennent encore plus éprouvantes. Malgré tout, nous essayons de nous adapter », déclare Mounguengui, habitant de Mindoubé et récupérateur de déchets à la décharge.
Chaque jour Mounguengui et ses amis des récupérateurs fouillent la décharge pour collecter des matériaux revendables. Ces travailleurs informels, sans équipement de protection, s’exposent à des infections, blessures et intoxications graves. Malgré ces risques, cette activité reste leur principale source de revenus.
Pour faire face à la crise générée par la décharge, plusieurs projets ont été annoncés par les autorités, notamment, la création de centres de tri et de recyclage pour limiter l’accumulation des déchets, et la délocalisation de la décharge vers une zone non habitée. Cependant, ces initiatives rencontrent de nombreux obstacles. Par exemple, le Centre d’Enfouissement Technique (CET) du Grand-Libreville à Nkoltang, prévu pour remplacer Mindoubé, reste en attente de finalisation.
En attendant l’effectivité des projets annoncés par le Gouvernement, la décharge de Mindoubé illustre les défis d’un développement urbain non maîtrisé. Alors que Libreville poursuit son expansion, la gestion des déchets doit devenir une priorité pour préserver l’environnement et protéger la santé publique. Mais une question demeure : quand aura lieu cette mutation ?
Wylss NGADI