Préoccupation de toutes les grandes rencontres internationales sur l’environnement, l’accès au financement a toujours cristallisé les débats. Une posture nettement compréhensible si l’on se réfère au principe du « pollueur-payeur » qui vise à responsabiliser les pays et industries les plus pollueurs de la planète. Une étude comparative visant à analyser les obstacles liés à l’accès aux financements climatiques annonce une perspective de réponse à cette préoccupation.
Conduite par l’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable (IFDD) et l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), l’initiative de cette étude a été présentée hier, mercredi 7 mai 2025 à Mays Mouissi, ministre de l’Environnement, de l’Écologie et du Climat du Gabon. L’étude va en effet se déployer dans dix pays francophones, Gabon, Sénégal, Togo, Sainte-Lucie, Arménie pour ne citer que ceux-là, afin de procéder à une évaluation comparative des obstacles institutionnels, techniques et administratifs à l’accès aux financements climatiques lors des grandes rencontres internationales sur l’environnement.
La démarche de la délégation pour comprendre les freins à l’accès au financement prévoit en effet de consulter un large éventail d’acteurs publics et privés impliqués dans la gestion environnementale et le financement vert, afin d’identifier les freins et de formuler des recommandations adaptées à chaque contexte national. Ce travail devrait faire l’affaire des pays africains qui, en dépit de leur position de faible émetteur de carbone, sont les plus marginalisés en termes d’accès aux fonds verts, alors que les effets des changements climatiques accroissent les facteurs de stress et favorisent l’insécurité alimentaire dans leurs territoires.
Deuxième poumon vert de la planète, le bassin du Congo par exemple revêt ces dernières années, une importance capitale du fait de son rôle dans la régulation du climat. Et pourtant, en dépit de ces efforts, la région figure parmi les plus marginalisées en ce qui concerne l’accès aux financements dédiés à la lutte contre les changements climatiques. Entre 2008 et 2017, le bassin du Congo n’a reçu en effet que 11,5 % des flux financiers internationaux destinés à la protection et à la gestion durable des forêts tropicales, contre 55 % pour l’Asie du Sud-Est et 34 % pour la région amazonienne. Cette faible part a été renforcée en 2021 avec une nouvelle fraction des fonds mondiaux dédiés à la protection des forêts tropicales, compliquant ainsi la mise en place de programmes de conservation à grande échelle.
Si Mays Mouissi perçoit ce travail scientifique et institutionnel comme une bouffée d’oxygène pour faire avancer la cause de la lutte contre les changements climatiques, notamment en ce que l’étude apparaît comme indispensable pour renforcer la voix des États francophones sur la scène climatique mondiale, il a cependant insisté que les résultats de l’étude soient connus dans les meilleurs délais et que les efforts du Gabon en matière de conservation de la biodiversité et de lutte contre les changements climatiques soient pleinement reconnus et justement récompensés.
Michael Moukouangui Moukala