Le Gabon a promis. Il a signé. Il s’est engagé. Mais dans les faits, le compte n’y est pas ! Malgré une adhésion remarquée à plusieurs initiatives internationales pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), le pays peine à honorer ses promesses, notamment en matière de méthane.
Parmi les pays africains à avoir signé l’initiative « Zero Routine Flaring by 2030 », portée par la Banque mondiale et du Global Methane Pledge, lancée lors de la COP26, le Gabon a voulu apparaître comme un acteur responsable de la transition énergétique. Ces engagements impliquent la fin du torchage systématique du gaz associé à la production pétrolière et la réduction drastique des fuites de méthane, un gaz dont le potentiel de réchauffement est plus de 80 fois supérieur à celui du CO₂ sur une période de 20 ans.
Mais la réalité du terrain contraste fortement avec ces déclarations ambitieuses. Car, d’après le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le Gabon se classe parmi les pays d’Afrique subsaharienne dont les secteurs pétrolier et gazier affichent les plus fortes intensités d’émissions de méthane à l’échelle mondiale. Ces niveaux, qui dépassent de près du double la moyenne planétaire, placent le pays face à un défi environnemental de grande ampleur. En effet, sur plusieurs sites d’exploitation, les pratiques polluantes restent la norme : torchage à ciel ouvert, infrastructures vétustes, absence de dispositifs de détection des fuites. Le signal envoyé est clair : les paroles ne suffisent plus !
Ce décalage entre engagements et actions fragilise la crédibilité du pays sur la scène internationale. Alors que les partenaires techniques et financiers conditionnent de plus en plus leur soutien à des résultats concrets, le manque d’avancées tangibles pourrait priver le Gabon d’opportunités stratégiques, tant en matière de financement climatique que d’investissement privé. Il en va également de son image auprès d’un public mondial de plus en plus sensible aux enjeux de transparence environnementale.
Dans un monde où la lutte contre le changement climatique devient un critère diplomatique, économique et éthique, le Gabon joue sa place. Pour la conserver, il lui faudra transformer les slogans en politiques publiques efficaces, moderniser ses installations et renforcer la surveillance environnementale. Faute de quoi, les promesses climatiques resteront lettre morte, et avec elles, l’espoir d’un modèle énergétique plus vert et plus responsable échoué.
Wilfried Mba Nguema