Verdict très attendu, la Cour Internationale de Justice (CIJ) ayant statuée lundi 19 mai 2025 à La Haye a tranché. La « Convention de Bata », brandit par le Gabon comme fondement juridique au procès a été rejetée, ne constituant selon la CIJ, ni un traité, ni un titre juridique fondé. Conclusion, la Guinée-Equatoriale a donc légitimité sur ces ils en lui et place du Gabon.
Le Gabon dépossédé des îles Mbanié, Cocotiers et Conga à la suite d’une décision de justice internationale de la CIJ ayant statué sur la « délimitation de leurs frontières maritime et terrestre communes » et la « souveraineté sur les îles Mbanié, Cocotiers et Conga » du Gabon et de la Guinée-Equatoriale. A quatorze voix en faveur de la Guinée-Equatoriale contre une pour le Gabon, la CIJ a fait mention que la « Convention de Bata » intitulé “Convention délimitant les frontières terrestres et maritimes de la Guinée équatoriale et du Gabon”, invoqué par le Gabon comme élément de base de sa défense, n’est pas un traité faisant droit dans les relations entre la République gabonaise et la République de Guinée équatoriale et ne constitue pas un titre juridique.
Illusions nationale
Au Gabon, cette décision fait l’objet de critiques acerbes, la qualifiant de « décision difficile pour la un début de la 5e République ». Dans la foulée de celle-ci, juristes, amateurs de droit et acteur politique s’y sont prêtés aux critiques. Avocat au Barreau de Brest et Docteur en Droit, Ancien Secrétaire de la Conférence du Barreau et Président de l’Alliance Démocratique et Solidaire, Istovant Nkoghe sur les colonnes de Gabonmédiatime, y voit en cette décision, une brèche tendue par la CIJ pour négocier, sachant selon lui, que cette décision évite de trancher un différend complexe lié à des enjeux énergétiques (potentiel pétrolier) et laisse ouverte la porte à un accord pragmatique. Même écho pour le ministère des Affaires Etrangères, qui, parlant au nom de la République Gabonaise, disant être respectueux du droit international et des principes de la Charte des Nations Unies prend acte de cette décision et est disposé à négocier sur les 3 points de la décision. Cette décision offre pour ainsi comprendre, plusieurs perspectives, surtout qu’elle remue le couteau dans la limitation des frontières entre les deux pays, s’agissant notamment des villes de Mongomo et d’Ebebiyin.
Une niche touristique et économique perdue
Petits îlots de moins d’hectares réduits, les îles Mbanié, Cocotiers et Conga cristallisent les attentions pour plusieurs raisons. D’abord, parce que depuis les années 1970, à la suite du traité caduque signé entre Libreville et Bata, sous la coupe de leurs anciens présidents respectifs, le Gabon s’est toujours vu comme le propriétaire légitime de ces îles, notamment Mbanié. La décision de la CIJ, même si elle offre plusieurs issues à la résolution de ce conflit, se présente comme une illusion pour beaucoup d’acteurs. C’est notamment le cas de ceux du secteur écotouristique et globalement économique, qui voient en cette décision, un manque à gagner pour les affaires. En effet, quoique significativement petites, les trois îles offrent un cadre idéal pour l’évasion et la découverte. Leurs plages vierges et ensoleillées, bordées d’une mer tout aussi vierge et d’un vert attirant est un endroit propice pour se baigner et passer un après-midi en toute tranquillité. De nombreux opérateurs-tours rêvent déjà d’y développer des offres, mais c’était sans compter l’issue du verdict de la CIJ. Ces derniers pourraient toujours se consoler avec d’autres lieux, car le Gabon est un champ de beauté à couper le souffle.
Séraphin Lame