On ne change pas le monde en vase clos. Et la gestion de nos espaces protégés n’échappe pas à cette règle élémentaire de bon sens écologique. Le WWF l’a bien compris en organisant, ce 11 juin, une rencontre au carrefour de l’écoute, de l’analyse et de la reconstruction. Au cœur de la table ronde : les Comités Consultatifs de Gestion Locale (CCGL), ces instances censées incarner une gouvernance participative autour des parcs nationaux.
Des racines fragiles, une volonté de refonte
Les premiers CCGL, créés entre 2012 et 2015, avaient les ambitions d’un pont entre deux mondes : celui des institutions environnementales et celui des communautés locales. Mais faute de financement, de reconnaissance et de dialogue structuré, ces ponts n’ont jamais été vraiment franchis.
La réunion de ce 11 juin a donc sonné comme un réveil. Un appel à remettre de la méthode, de l’écoute, et surtout du concret dans ce dispositif. Sous l’impulsion du Dr Marleine Edou, la session a permis de poser les mots justes sur les fragilités passées, sans faux-semblants, mais avec le regard tourné vers demain.
Refaire des CCGL des lieux de vie démocratique
Et demain, c’est d’abord redonner aux CCGL leur fonction première : rassembler, coordonner, faire participer. L’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN), présente aux côtés de The Nature Conservancy (TNC), du WWF et de représentants locaux, a insisté sur le besoin d’un outil fonctionnel, avec des moyens réels et des règles du jeu claires.
Les communautés, elles, ne veulent plus jouer les figurantes. Elles demandent un rôle actif, des formations utiles, un accompagnement aux activités génératrices de revenus. Et surtout, elles veulent être parties prenantes des décisions qui affectent leur environnement. Rien de moins.
Donner un cap légal, écologique et éducatif
L’une des priorités évoquées : l’adoption d’un texte d’application pour donner au CCGL un cadre légal, gage de pérennité. Dans le même souffle, les participants ont proposé la création de clubs environnementaux dans les écoles, une façon d’ancrer l’écologie dans les imaginaires dès le plus jeune âge.
Autre sujet sensible : la gestion des conflits homme-faune, ces tensions à la frontière du sauvage et de l’humain, qui cristallisent bien des malentendus. Ici encore, les CCGL sont appelés à jouer un rôle de médiation, à condition qu’on leur en donne les moyens.
Vers une écologie de la cohabitation
Ce que cette réunion annonce, au fond, c’est une transition. Celle d’un modèle descendant, vertical, vers un partenariat horizontal, plus à l’écoute des savoirs locaux, des besoins quotidiens, et de cette intelligence du terrain souvent négligée.
On ne protège pas durablement un parc sans y associer ceux qui vivent à ses frontières. Et c’est peut-être là que réside la véritable modernité de cette démarche : reconnaître que la conservation n’est pas l’affaire des seuls experts, mais un contrat collectif, où chacun a sa part.
Une écologie de la relation, pas de l’exclusion
Dans une époque traversée par les urgences climatiques et la perte de biodiversité, ce type d’initiative nous rappelle que la solution passe aussi – surtout – par le lien : le lien entre humains, le lien entre les humains et leur environnement, le lien entre mémoire des erreurs et promesse d’un renouveau.
Il ne s’agit plus seulement de “gérer” les parcs. Il s’agit de cohabiter intelligemment avec eux. Et si les CCGL nouvelle génération tiennent leurs promesses, ils pourraient bien devenir ces lieux hybrides où s’invente une écologie de la relation, faite de compromis, d’écoute, et d’actions partagées. Une petite révolution en marche. Silencieuse, mais essentielle.