C’est une scène qui fait désormais partie du décor de Libreville : la décharge de Mindoubé, étendue sur des hectares, où des montagnes de déchets s’accumulent depuis des années. Pourtant, ce site emblématique de la gestion urbaine gabonaise s’apprête à être fermer. Le gouvernement envisage de transférer les activités de traitement des déchets vers un nouveau site à Nkoltang, à quelques kilomètres de la capitale.
Une décision saluée par de nombreux observateurs : désengorger la ville, moderniser les pratiques, réduire les impacts environnementaux immédiats. Mais, derrière cet engagement vers l’avenir, une question demeure, simple et incontournable : que faire des déchets qui sont déjà là ?
Une visite stratégique, un partenaire d’expérience
Courant la semaine, les ministres gabonais Mays Mouissi (Environnement, Écologie et Climat) et Hermann Immongault (Intérieur, Sécurité et Décentralisation) ont reçu une délégation de l’entreprise Golden Swan, spécialisée dans le traitement et la valorisation des déchets.
Installée dans plusieurs pays d’Afrique et du Moyen-Orient, cette société indienne s’est forgée une réputation solide dans la gestion intégrée de déchets ménagers, industriels, biomédicaux ou encore électroniques.
Au terme de cette visite, Golden Swan a pu évaluer l’ampleur des défis que pose le démantèlement de la décharge de Mindoubé, tout en soulignant le potentiel offert par le site de Nkoltang, pensé comme un centre de traitement plus moderne, aux normes environnementales mieux maîtrisées.
Des décennies d’accumulation
Mais à Mindoubé, les déchets ne disparaîtront pas d’un claquement de doigts. Certains sont là depuis des décennies, exposés aux intempéries, infiltrant les sols et menaçant les nappes phréatiques. À proximité, la mangrove et les zones habitées subissent elles aussi les conséquences de cette cohabitation prolongée.
Il ne suffit donc pas de déplacer l’activité pour résoudre le problème. C’est toute une stratégie de transition qu’il faut penser : un plan post-fermeture, qui anticipe les risques, prévoit des mesures concrètes, et donne à la population des garanties sur la suite.
Ce que pourrait être cette transition
Golden Swan a, très certainement, les compétences techniques pour accompagner le Gabon dans cette phase délicate. Reste à savoir dans quelles conditions, et avec quels objectifs précis. Le traitement des déchets existants, leur confinement, la dépollution des sols, la sécurisation du site et, pourquoi pas, une reconversion à moyen terme : voilà les enjeux d’un plan post-fermeture digne de ce nom.
Mais cette ambition ne peut reposer uniquement sur les épaules d’un prestataire étranger. Elle nécessite une coordination étroite entre l’État, les collectivités locales, les acteurs économiques et les citoyens.
Une opportunité à ne pas manquer
La fermeture de Mindoubé pourrait ainsi marquer un tournant historique dans la politique de gestion des déchets au Gabon. Elle est aussi l’occasion d’interroger nos habitudes de consommation, notre production de déchets, et la place que nous laissons à l’environnement dans la ville.
Entre modernisation et mémoire des lieux, le défi est de taille. Mais il porte en lui l’opportunité de bâtir un modèle plus durable, plus respectueux des territoires, et plus responsable face à l’héritage accumulé.
Wilfried Mba Nguema