Hier, lundi 4 août 2025, les agents du ministère des Eaux et Forêts, réunis au sein du Syndicat national des professionnels des Eaux et Forêts (Synapef), ont entamé un mouvement de grève. Cette action vise à dénoncer la dégradation progressive de leurs conditions de travail, ainsi que l’absence de dialogue social avec leur hiérarchie. Ce mécontentement s’inscrit dans un climat de tension croissante, révélateur d’un malaise plus profond au sein d’un ministère pourtant stratégique pour la politique environnementale du Gabon.
Le Synapef accuse de mauvais traitement ! Les revendications formulées par ne sont cependant pas nouvelles. Elles portent notamment sur l’insuffisance de matériel didactique, la vétusté des infrastructures, l’insalubrité des sanitaires, le manque de véhicules pour les missions de terrain, sans oublier le non-paiement de cinq trimestres de primes. Ce tableau, déjà préoccupant, s’est récemment aggravé lorsqu’un incident a opposé les forces de l’ordre au président du Synapef, retenu dans les locaux du ministère après une altercation. Cet épisode a servi de catalyseur, déclenchant une indignation générale parmi les agents.
Mais, ce qui alimente davantage la frustration du personnel, c’est l’attitude jugée passive de la tutelle. Selon le Secrétaire général intérimaire du syndicat, la hiérarchie demeure silencieuse et refuse jusqu’à présent d’engager une concertation sérieuse. « La tutelle ne dit rien, elle ne veut pas nous recevoir », a-t-il affirmé ce dernier. Face à ce blocage, les agents annoncent une intensification prochaine du mouvement social, notamment par l’organisation d’une marche vers la Primature.
Cette situation intervient dans un contexte de transition à la tête du ministère. En effet, depuis la nomination de Maurice Ntossui Allogho, qui a succédé au Pr Lee White, les attentes des agents se sont orientées vers une gouvernance plus humaine et tournée vers l’amélioration des conditions internes. Si l’ancien ministre était reconnu pour son expertise environnementale et son engagement sur la scène internationale, il lui était reproché une certaine distance vis-à-vis des préoccupations internes du personnel.
Dès lors, une comparaison entre les deux gestions semble inévitable. Sous Lee White, le ministère a gagné en visibilité à l’international, mais cela s’est parfois fait au détriment des réalités quotidiennes des agents sur le terrain. À l’inverse, Maurice Ntossui Allogho est aujourd’hui confronté à un défi plus immédiat : restaurer la confiance en interne, écouter les revendications et rétablir des conditions de travail dignes pour son personnel. Chose promise par lui, lors de sa prise de fonction au sein de ce ministère. En effet, avait-il promis placé l’homme au centre de sa gouvernance. Il est évident que cette crise sociale met en lumière les limites de la gouvernance actuelle, tout en soulignant l’impératif de concilier vision environnementale et gestion sociale.
Alors que le secteur forestier représente un levier clé de la transition économique et écologique du Gabon, il devient essentiel de rappeler que la performance du ministère dépend aussi – et surtout – du bien-être de ceux qui en assurent le fonctionnement quotidien.
Wilfried Mba Nguema