La colère couvait depuis longtemps, elle a fini par éclater. Les Ecogardes de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN), réunis au sein du Syndicat national des Ecogardes du Gabon (SYNEG), sont rentrées en grève ce lundi 11 août 2025, paralysant l’ensemble des activités de préservation sur le territoire. En cause, deux mois d’arriérés de salaire mais surtout, une situation récurrente d’irrégularités salariales qui mine le moral et la dignité des agents depuis plusieurs années.
Les écogardes dénoncent non seulement les retards actuels pour les mois de juin et juillet, mais aussi l’absence de garanties quant au paiement de leur salaire d’août dans les mêmes délais que les Forces de Défense et de Sécurité. Une inquiétude d’autant plus forte à l’approche de la rentrée scolaire, alors que nombre d’entre eux peinent à subvenir aux besoins essentiels de leurs familles. « Nous avons été suffisamment patients. Personne ne sait ce que nos familles endurent chaque jour, et nul ne cherche à le savoir », déplore le syndicat dans une note.
Le syndicat rappelle que cette situation n’est pas nouvelle. Depuis plus de cinq ans, ils subissent des retards chroniques et imprévisibles, malgré de multiples courriers adressés aux plus hautes autorités. Plusieurs collègues sont décédés dans l’attente d’une régularisation, d’autres ont été expulsés de leur logement ou ont vu leurs enfants renvoyés des écoles faute de paiement des frais de scolarité.
Un paradoxe insupportable pour ces hommes et femmes qui, de jour comme de nuit, exposent leur vie pour protéger l’environnement, la biodiversité et lutter contre le braconnage. À l’international, leur engagement est salué, sur le plan national, ils disent se sentir oubliés et laissés pour compte.
Sans une régularisation durable de leur situation et le respect d’un paiement régulier de leurs salaires, l’APN risquerait de s’effondrer, entraînant dans sa chute un pan entier de la politique environnementale gabonaise. Dans une note, le Secrétariat exécutif de l’ANPN a exprimé son « soutien » à l’ensemble des écogardes dont selon lui, « le dévouement et la mission sont essentiels à la préservation du patrimoine naturel de notre pays ». Toutefois, a-t-il déploré le fait que l’agence subit actuellement, une conjoncture financière défavorable ». Toute chose qui ne semble convaincre les grévistes !
Depuis plus de cinq (5) ans, il ne se passe pas une année sans que les écogardes ne montent au créneau pour dénoncer des retards de paiement de salaire. En 2020, cette situation avait d’ailleurs prévalu à la création du SYNEG dont le but est de faire entendre les droits des écogardes. Mais depuis, les mêmes causes semblent produire les mêmes effets !
Michael Mengoue