À Belém, au cœur de l’Amazonie, la planète se réunit une fois de plus pour parler d’elle-même. La 30ᵉ Conférence des Parties sur le climat (COP30) s’ouvre dans un contexte d’urgence climatique accentuée, de promesses encore fragiles et de tensions persistantes autour du financement.
Pour le Gabon, acteur majeur de la protection des forêts du bassin du Congo, cette rencontre représente autant une vitrine qu’une épreuve : comment transformer son modèle de gestion durable en levier diplomatique et économique ?
La COP30 se veut celle du passage à l’action. Après des années de déclarations et d’engagements non tenus, les États sont attendus sur la mise en œuvre concrète de leurs promesses.
Le Gabon, dont plus de 85 % du territoire est couvert par la forêt, entend rappeler la valeur de son engagement. Son message est limpide : préserver un puits de carbone d’envergure mondiale mérite un appui à la hauteur des services rendus à la planète.
Déjà salué pour ses efforts de conservation et sa certification de réduction des émissions validée par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le pays espère consolider à Belém son image de « leader climatique africain ».
Forêts tropicales : un front commun Amazonie–Congo
La localisation de la COP30, au cœur de la plus vaste forêt tropicale du monde, offre une résonance particulière aux pays forestiers.
Le Gabon, en lien avec le Brésil, souhaite renforcer une alliance entre les deux grands bassins – Amazonie et Congo – souvent présentés comme les « poumons verts » de la planète.
Au-delà du symbole, l’objectif est stratégique : peser davantage dans les négociations internationales sur la compensation carbone et la protection de la biodiversité, domaines où les pays forestiers réclament une reconnaissance financière équitable.
Le nerf de la guerre : le financement
Sur le fond, le Gabon rejoint la position défendue par de nombreux pays africains : sans financement, la transition reste un mirage.
Les États du Sud réclament la fin des promesses non tenues et un accès effectif aux Fonds verts pour le climat. Pour Libreville, il s’agit de transformer les engagements internationaux en projets concrets : énergie solaire et hydroélectrique, valorisation durable des forêts, adaptation des zones côtières à la montée des eaux, ou encore soutien aux communautés dépendantes des ressources naturelles.
Mais le défi demeure : convaincre les bailleurs que les mécanismes nationaux sont suffisamment transparents et efficaces pour absorber ces financements. La crédibilité de la politique climatique gabonaise dépendra autant de sa rigueur interne que de son influence diplomatique.
Entre diplomatie et réalité nationale
Si le Gabon jouit d’un certain prestige sur la scène internationale, la mise en œuvre des politiques environnementales se heurte encore à des contraintes locales : capacités techniques limitées, manque de financement interne, ou faible implication des communautés.
À Belém, les délégués gabonais auront donc à cœur de démontrer que les politiques de conservation ne sont pas de simples vitrines, mais un choix de société en phase avec les besoins économiques et sociaux du pays.
Un rendez-vous décisif pour l’Afrique verte
La COP30 s’annonce comme un moment charnière pour les pays africains. La symbolique amazonienne, mise en avant par le Brésil hôte de la conférence, renforce la nécessité d’unir les voix du Sud autour d’un même message : celui d’une justice climatique fondée sur la solidarité et la responsabilité partagée.
Pour le Gabon, il s’agit moins de plaider sa cause que de rappeler une évidence : la stabilité du climat mondial dépend aussi du maintien en vie des forêts tropicales africaines.
À Belém, le pays espère prouver qu’une autre voie est possible – celle d’un développement sobre, soutenable, et profondément enraciné dans la préservation du vivant.
Séraphin Lame





