Le Gabon poursuit sa quête de souveraineté alimentaire avec le projet Gab-Pêche, une initiative stratégique qui vise à reprendre le contrôle de la pêche artisanale dominé par plus de 80% des expatriés. Toutefois, entre les ambitions de reprise de contrôle, de sécurité alimentaire, la question du contrôle de la filière devient cruciale de durabilité.
Alors que les eaux gabonaises regorgent une riche ressource halieutique, cette ressource a longtemps été la chasse gardée des pécheurs étrangers, notamment béninois et nigérians. Pour le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, « ce temps est révolu ». Avec le projet Gab-Pêche, le pays entend reprendre en main la gestion de ses ressources halieutiques et garantir que les bénéfices restent entre les mains des Gabonais.
La première phase, lancée le 12 août 2025, montre déjà des résultats concrets : avec les 8 pirogues sur 10 mises à l’eau, près de 300 kilos de poissons ont été pêchés par chacune, soit environ 2,4 tonnes de poissons mis directement à la disposition des consommateurs.
À terme, le projet ambitionne de déployer 100 à 500 pirogues Gab-Pêche. Mais cette montée en puissance pose une question cruciale : comment concilier pêche artisanale, sécurité alimentaire et gestion durable de la ressource ? En effet, si la pêche artisanale est une clé de sécurité alimentaire et économique pour de nombreux gabonais, l’intensification de la pêche artisanale avec le déploiement d’environ 500 pirogues pourrait entraîner une surexploitation de la ressource, menacer certaines espèces, réduisant ainsi leur capacité de reproduction. Ce qui pourrait entraîner le déséquilibre des écosystèmes marins, menaçant la biodiversité et un appauvrissement futur de la ressource, au détriment des générations à venir.
Avec ses 950 km de côtes et son immense potentiel halieutique, le Gabon dispose d’atouts considérables. Cependant, l’avenir du secteur dépendra des politiques de résilience impulsées par les autorités, la règle des quotas, et la promotion de la recherche et le développement de l’aquaculture comme moteurs de la durabilité.
Gab Pêche incarne ainsi un double défi : répondre à la vie chère et créer des emplois pour la jeunesse, tout en garantissant la durabilité des ressources maritimes. La véritable souveraineté alimentaire passe non seulement par l’exploitation de la ressource, mais aussi par la gestion responsable de ces ressources.
Stagiaire