À compter du 1er janvier 2026, le Gabon interdira la fabrication et l’importation des bouteilles en plastique à usage unique dépourvues de bouchons solidaires. L’annonce, faite par le ministère de l’Environnement, de l’Écologie et du Climat, traduit une volonté forte de réduire la dispersion des déchets plastiques et inscrire le pays dans une trajectoire de durabilité pratique.
Un bouchon solidaire, c’est ce couvercle ou cette capsule qui, une fois la bouteille ouverte, reste attaché au goulot. Une invention en apparence banale, mais qui change tout. Dans les rues de Libreville, combien de bouchons abandonnés jonchent les trottoirs après avoir échappé à une main distraite ? Dans les quartiers périphériques, combien d’entre eux finissent dans les caniveaux, avant d’être emportés vers la mer par les pluies ? Et sur les plages, combien d’enfants ramassent ces petits morceaux de plastique colorés, devenus symboles d’une pollution invisible mais persistante ?
C’est à ces réalités que veut répondre la nouvelle réglementation. Inspirée de dispositifs déjà appliqués dans l’Union européenne (UE), elle repose sur une logique simple : si le bouchon reste accroché à la bouteille, il sera collecté et recyclé en même temps qu’elle. Le déchet ne devient plus un fragment errant, mais un tout gérable.
Pour ne pas brusquer les acteurs économiques, le gouvernement a prévu une transition progressive. Dès le 1er janvier 2026, la fabrication et l’importation des bouteilles sans bouchon solidaire seront interdites. Les stocks existants pourront être écoulés jusqu’au 31 janvier 2026, mais au-delà, aucune tolérance : dès le 1er février, toute mise sur le marché ou vente de bouteilles non conformes sera prohibée. Cette pédagogie par étapes illustre un équilibre recherché entre impératif écologique et réalité industrielle.
Les bénéfices attendus dépassent largement la simple réduction des déchets. Ils se traduiront par une diminution de la pollution dans les sols, les cours d’eau et les espaces urbains, mais aussi par une consolidation de l’économie circulaire grâce à la valorisation des bouchons collectés. À travers des initiatives locales, ces mêmes bouchons pourraient servir à financer des projets sociaux ou environnementaux, donnant ainsi une nouvelle vie à ce qui n’était hier qu’un déchet.
Au-delà de la réglementation, c’est une transformation culturelle qui s’amorce. L’acte quotidien d’ouvrir une bouteille ne sera plus exactement le même : il deviendra un geste de responsabilité partagée. Ce détail technique, qui peut sembler contraignant pour le consommateur habitué à séparer bouchon et bouteille, sera demain un symbole de conscience environnementale.
Cette réforme reflète une vision : celle d’un Gabon qui s’engage résolument à protéger ses écosystèmes et à répondre aux défis mondiaux de la pollution plastique. Elle invite chacun – l’État, les entreprises, mais aussi chaque citoyen – à participer à un effort commun. Car derrière ce bouchon qui ne se détache pas se dessine une philosophie : transformer une contrainte en opportunité, et un geste quotidien en acte durable.
En adoptant cette mesure, le pays envoie un signal fort : la lutte contre la pollution ne relève pas seulement de grandes déclarations internationales, mais aussi de décisions concrètes qui touchent directement nos habitudes. Dans les années à venir, il sera peut-être naturel pour les Gabonais d’associer chaque bouteille ouverte à un choix collectif : celui de préserver les rivières, les sols, les plages et l’avenir de leurs enfants.
Wilfried Mba Nguema





