Délégué Spécial de la commune de Libreville, Adrien Nguema Mba s’est lancé depuis quelques semaines dans l’assainissement de l’ordre urbain autour du projet « d’opération de désencombrement » des quartiers de Libreville. Si cette opération peut sembler nécessaire, elle ne paraît pas plus urgente que l’assainissement des bassins versants dont celui de Nzeng-Ayong qui croupit depuis plusieurs mois, sous des hautes herbes, obstruant son rôle d’évacuation des eaux usées. Constat.
Dans le prolongement de l’opération de déguerpissement, d’assainissement et d’aménagement urbain initié il y a quelques semaines par les plus hautes autorités, notamment les ministères de Travaux Publics ainsi que celui de l’Urbanisme et de l’Habitat, nombreux sont les quartiers qui ont subi des « démolitions » en vue des projets d’envergure, de rétablir l’ordre urbain en raison notamment des constructions anarchiques et des empiètements sur le domaine communal.
Dans l’élan de cette reconfiguration de Libreville, l’Hôtel de ville que dirige Adrien Nguema Mba n’est pas resté en marge. Garant de l’assainissement et de l’ordre urbain, le Délégué spécial de la commune de Libreville et ses équipes ont battu le pavé pour sensibiliser et annoncer les démolitions qu’ils jugeaient anarchiques. STFO et bien d’autres quartiers de la commune ont été ciblés par cette opération. Le premier quartier était réputé pour abriter des garages à ciel ouvert et les autres, des emplacements commerciaux anarchiques. « La Mairie n’est pas là pour la destruction des habitations des populations, mais elle est là pour s’occuper du domaine communal, des garages et lavages anarchiques. En gros, démolir tout ce qui rend la ville sale », faisait savoir Adrien Mba Nguema, le Délégué Spécial lors d’une sortie.
De façon concrète, le Délégué spécial veut repenser le visage de Libreville. Sauf qu’en voulant bien faire, l’institution a insidieusement tourner le dos aux problèmes les plus urgents tels que l’assainissement des bassins versants, à l’exemple de ceux de Batavéa et de Nzeng-Ayong respectivement situés dans le 3e et 6e arrondissements de la commune de Libreville. Le premier est un espace géographique d’environ 4,8 km2, divisé en deux sous-bassins : Nomba-domaine (en amont) et Barracuda (en aval). Infrastructure stratégique, ce bassin versant est connu pour ses problèmes d’inondations et devrait normalement faire l’objet d’aménagements, notamment dans le cadre du Programme prioritaire d’assainissement de Libreville. Le second est celui de Nzeng-Ayong, long de plus de 2 kilomètres et construit il y a seulement quelques années pour améliorer le cadre de vie des populations en les protégeant contre les inondations et les maladies hydriques.
Problème, si ces infrastructures offrent une solution urbaine au problème d’évacuation des eaux usées notamment lors des grandes crues, leur assainissement est sujet à caution. Abandonnés à leur sort, les deux infrastructures, pourtant stratégiques, sont envahies des déchets et des hautes herbes, nécessitant une cure de jouvence immédiate. Le cas de celui de Nzeng-Ayong est assez problématique. Des hautes herbes envahissent le plateau du canal sous le regard indifférent des autorités municipales qui font fi des problèmes les plus urgents. De même, l’état de propreté de la voie secondaire qui longe ce canal n’est pas différent de l’infrastructure d’évacuation des eaux. Or, la Mairie de Libreville devrait profiter de ce temps de saison sèche pour rétablir ces infrastructures, de sorte à prévenir l’arrivée des grandes pluies. Par oubli, négligence ou manque de moyens, les autorités municipales ont préféré regarder ailleurs, certainement où les solutions d’assainissement semblent moins difficiles à gérer. Ce manquement ne fait cependant qu’aggraver les problèmes susceptibles de naître de l’obturation de ces deux infrastructures.
Michael Moukouangui Moukala