Souvent présentés comme les sentinelles de la forêt, les hommes à qui la biodiversité doit une grande partie de son souffle, ce jeudi 31 juillet 2025, un hommage mondial est rendu aux gardes forestiers. Au Gabon, si cette célébration passe sous silence, la Rédaction de La Lettre Verte a tenu à rendre à sa manière, hommage à ce corps de métier sous-valorisé.
Dans le bassin du Congo, cette journée intervient dans un contexte de deuil sous-régional au sein du secteur de la conservation, avec la mort, en République démocratique du Congo (RDC), de deux Ecogardes, tués dans un crash d’avion de reconnaissance vers Ishango, en plein parc national des Virunga, au Nord-Kivu, dans l’est du pays. Si ce tableau ne déteint pas sur la célébration de cette journée, il met en exergue le travail difficile et dangereux effectué par ces hommes de la nature. Malgré cette dangerosité, le travail de l’Ecogarde reste le plus marginalisé.
Entre statut flou dans certains pays, conditions de vie et de travail exécrable, l’Ecogarde (Rangers) est le parent pauvre de la conservation. Le cas de la situation des Ecogardes du Gabon qui accusent à ce jour, des mois sans salaire et un traitement marginal, est symptomatique de la valeur que les dirigeants, qui se ventent lors des messes du climat, de la biodiversité et du développement durable, des efforts accompli pour la préservation de la biodiversité, accordent à cette spécialité. Le mode de traitement de ces agents, affectés au Gabon à l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) permet de plonger dans un univers où les apparences ne traduisent pas toujours la réalité.
Si la journée mondiale des Rangers est perçue par les garants de cette profession comme un « hommage mérité », au vu de l’ampleur du travail fourni par eux sur le terrain, Sosthène Ndong Engonga, Secrétaire général du Syndicat nationale des Ecogardes du Gabon (SNEG) s’indigne cependant qu’elle ne soit pas connue. « C’est un hommage mérité pour ces agents-là qui ont décidé, au péril même de leur vie, de protéger la faune et la flore. Au niveau de l’ANPN, malheureusement, cette journée n’est pas connue, d’autant plus qu’il n’y a rien de spécial aujourd’hui », souligne-t-il tristement.
Célébration fantôme dosée d’une asphyxie financière dont font face les Ecogardes, la journée mondiale des Rangers s’inscrit dans un contexte de tensions salariales au sein de l’ANPN. Ce qui justifierait le silence face à cet important événement pour les hommes de la nature. « Nous ne nous sommes pas encore appropriés cette journée, d’autant plus que les Ecogardes aujourd’hui continuent véritablement tirer le diable par la queue. Ils vivent de façon misérable. C’est à croire qu’être Ecogarde est un travail ingrat », ajoute Sosthène, critiquant les mains noires tapies dans l’ombre qui saboteraient l’épanouissement professionnelle de ce corps de métier.
Date anniversaire de la fondation de la Fédération Internationale des Gardes Forestiers (IRF), la Journée Mondiale des Rangers est célébrée chaque 31 juillet. Cette journée est l’occasion de reconnaître le travail essentiel des rangers, leur dévouement et les sacrifices qu’ils font pour la conservation de la biodiversité. Au Gabon, la réalité est tout autre, alors que les rangers sont en première ligne pour la protection des espèces menacées, la lutte contre le braconnage et la préservation des écosystèmes. Ils jouent un rôle crucial dans la gestion des aires protégées et contribuent à la conservation de notre patrimoine naturel et culturel.
Séraphin Lame