Sur 17 stations météorologiques que comptait le Gabon en 2000, seulement quatre (04) sont fonctionnelles. Il s’agit des stations de Lastoursville, Libreville, Mvengue et du Lycée Français de Port-Gentil. Ce manquement a des graves conséquences sur l’interprétation de certaines variations climatiques et sur la prévention de certains phénomènes naturels.
Une station météorologique c’est certes des antennes, mais des antennes dont le rôle est de mesurer et enregistrer les conditions météorologiques à un endroit précis. Il s’agit en effet, d’un instrument qui vise à collecter les données sur divers paramètres tels que la température, l’humidité, la pression atmosphérique, la vitesse et la direction du vent, les précipitations et le rayonnement solaire. Ces informations sont essentielles pour la prévision météorologique, la surveillance du climat et l’étude des phénomènes atmosphériques. Et pourtant, malgré l’indispensabilité de ces instruments, surtout dans un contexte mondial de pression climatique, les stations météorologiques manquent à l’appel au Gabon.
En effet, sur les dix-sept (17) stations météorologiques fonctionnelles en 2000 au Gabon, seulement quatre (04) sont opérationnelles aujourd’hui. Il s’agit, d’après le décompte, des stations de Lastoursville (Ogooué-Lolo), Libreville (Estuaire), Mvengue (Haut-Ogooué) et du Lycée Français de Port-Gentil (Ogooué-Maritime). Cette situation fragilise considérablement les capacités de prévision, d’alerte et de suivi des phénomènes climatiques dans le pays, alors que de plus en plus, le climat s’affole avec des vagues de chaleurs beaucoup plus importantes, une variabilité de la pluviométrie et autres.
Pour de nombreux observateurs et scientifiques, cette insuffisance « ne permet pas réellement d’avoir un suivi viable et continue » sur les variations du climat. Cela rend en effet, « difficile l’évaluation de l’impact du changement climatique sur les cultures à long terme ». Cet état de fait tient du peu d’intérêt accordé par les autorités gabonaises à la météo et ses données.
Parent pauvre du climat au Gabon, la Direction générale de la météorologie est en effet la moins nantis. Manque de moyens financiers et matériels, déconnectée des missions internationales, notamment les COPs et méconnue du public notamment son rôle stratégique, cette direction croupit dans les couloirs d’un département du ministère des Transports sis à derrière le Tribunal. Avec elles, toutes les possibilités scientifiques et techniques que la population gabonaise pourrait tirer de son expertise.
Le manque d’investissement financier dans les infrastructures météorologiques, le manque de personnel qualifié et l’absence d’une stratégie nationale durable pour la modernisation du réseau d’observation climatique ont plombé les capacités opérationnelles de cette structure. Conséquence, les données météorologiques sont peu fiables et impactent sur la prise de bonnes décisions. La santé et l’agriculture sont les domaines les plus affectés. Des agriculteurs démunis face aux irrégularités climatiques, les habitants d’une région X du Gabon vulnérables à la variation des phénomènes météorologiques, les écoles et les communautés mal préparées, souvent surprises par des événements extrêmes sans alerte préalable, sont autant des gravités susceptibles de découler de l’inexistence des instruments de météo.
Pays modèle en matière de préservation de la biodiversité et de la nature, le Gabon est au constat, désarmé techniquement sur les questions de prévisions climatiques. Or, il s’illustre lors des grandes rencontres comme le « bon élève ». Une position, semble-t-il, de façade, puisque le pays n’arrive même pas à se pouvoir des instruments les plus élémentaires pour prévenir des données aussi importantes que celles du climat.
Michael Moukouangui Moukala