Alors qu’il a démissionné du gouvernement après son élection à l’Assemblée nationale, Maurice Ntossui apparaît encore dans une communication officielle du ministère des Eaux et Forêts, comme s’il exerçait toujours ses fonctions. Une situation qui interroge, au regard de l’incompatibilité constitutionnelle entre responsabilités ministérielles et mandat parlementaire, et qui met en évidence une transition institutionnelle mal maîtrisée.
Le communiqué a été publié hier, lundi 18 novembre 2025 sur la page officielle du ministère des Eaux et Forêts. Sur la page, on y lit que Maurice Ntossui « a pris part aux côtés des 300 nouvelles recrues » du ministère des Eaux et Forêts à la clôture de la Formation Élémentaire Toutes Armes (FETTA), avant de saluer « le sérieux et la détermination » de cette première cohorte destinée aux unités paramilitaires du département. Même écho sur sa page personnelle Maurice Ntossui Allogo où, le texte est rédigé à la première personne symbolisant le lien indéfectible entre le ministre sortant et le ministère des Eaux et Forêts.
Cette présentation tranche pourtant avec la réalité institutionnelle. À la suite des dernières élections législatives, Maurice Ntossui a été élu député. Conformément à la Constitution gabonaise, et plus précisément à son article 73, « les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec l’exercice d’un mandat parlementaire ». Cette incompatibilité vise à préserver la séparation de pouvoir entre l’exécutif et le législatif, et impose aux ministres élus députés de se démettre de leurs fonctions avant l’installation du nouveau bureau de l’Assemblée nationale.
Dans ce cadre, et comme l’exigent les règles constitutionnelles, la démission de Maurice Ntossui du gouvernement a été actée. Un décret a, par ailleurs, confié l’intérim du ministère des Eaux et Forêts à Marc-Alexandre Ndoumba, ministre de l’Économie numérique, chargé d’assurer temporairement la direction du département.
La diffusion d’un message dans lequel M. Ntossui semble continuer d’incarner l’autorité ministérielle interroge donc sur la coordination au sein de l’appareil exécutif. Ni le décret d’intérim ni la démission liée à l’élection ne laissent place à l’ambiguïté : depuis son entrée à l’Assemblée nationale, l’ancien ministre ne peut plus parler ni agir au nom du ministère.
Cette confusion pourrait relever d’un simple retard de mise à jour des éléments de communication institutionnelle. Mais elle soulève également des questions plus larges sur la rigueur des transitions administratives et la lisibilité des responsabilités publiques à un moment où plusieurs membres du gouvernement sont concernés par la même obligation constitutionnelle.
Au-delà du cas individuel de Maurice Ntossui, l’épisode met en lumière la nécessité d’une gestion plus maîtrisée des passages de relais entre ministres sortants et intérimaires. Dans un contexte politique marqué par des recompositions et une attente accrue de crédibilité de la part des institutions, la clarté autour des fonctions exercées et des autorités légitimes apparaît indispensable pour garantir la transparence de l’action publique et la confiance du public.
Séraphin Lame





