Malgré un potentiel touristique reconnu, le Gabon n’accueille chaque année que 350 000 visiteurs. Un chiffre insignifiant, comparativement à ses voisins d’Afrique qui chaque année, accueille des millions de touristes et dont le secteur contribue fortement à l’équilibre du PIB.
Selon les raisons officielles, plusieurs facteurs permettent de comprendre cette situation. Entre autres, la cherté du billet d’avion pour se rendre au Gabon, le manque de culture touristique de la part des gabonais, le réseau routier peu praticable et qui ne facilite pas les excursions, la cherté des destinations touristiques locales et une stratégie de développement touristique mal pensée.
Pour inverser cette réalité, Pascal Ogowe Siffon, l’actuel ministre du Tourisme arrivé à la tête du ministère au lendemain du « Coup de libération » perpétré par les militaires le 30 août 2023, voulant relever le secteur afin d’en faire un levier économique, tant pour le gouvernement que pour les communautés locales a mis en place un projet baptisé « Caravane touristique » pour promouvoir le tourisme domestique et valoriser les richesses culturelles et naturelles du pays.
Pour matérialiser ce projet, 1,5 milliards de francs a été débloqué par l’Etat. Malgré cet investissement important, à peine 3748 touristes ont répondu à l’appel. Parallèlement, les « sites touristiques » habilités dans le cadre de ce projet ont été abandonnés. Dans sa stratégie, l’actuel ministre du Tourisme compte déployer la seconde phase de la feuille de route stratégique 2024-2029 du secteur qui comprend une série d’actions, notamment la diversification de l’offre touristique. De manière claire, il s’agira de tout mettre en œuvre pour attirer les touristes étrangers.
Cependant, en commettant sa caravane, le ministre du Tourisme a commis une erreur en balayant d’un revers de la main, les politiques et stratégies existantes, remettant la machine à zéro sans tenir compte des enjeux d’adapter son offre aux exigences internationales. Conséquence, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Et il n’est pas certain que cette réalité change, puisque le ministère aurait pu faire valoir la manne de plus de 1 milliards de francs CFA pour asseoir le volet marketing à destination des touristes étrangers pour espérer booster la destination Gabon. Malheureusement, l’enjeu était rivé vers le tourisme durable et communautaire qui, au Gabon, a encore des obstacles à surmonter.
Or, dans certains pays à l’exemple du Kenya, qui accueille chaque année environ 2 millions de touristes, notamment étrangers, a basé ses attentes sur le renforcement de sa marque. En effet, apprend-on, « la stratégie nationale du tourisme, étalée sur la période 2025-2030, vise à positionner le Kenya comme une destination attractive toute l’année en élargissant le panels d’activités et de produits proposés, en développant le tourisme local et en augmentant la notoriété de la marque Kenya à l’international ». Ce que semble faire fi le Gabon qui veut se centrer sur le tourisme domestique, ignorant à tort ou à raison, la force des visiteurs étrangers. Ce constat comparatif interpelle le ministère sur la nécessité de repenser sa stratégie.
Michael Moukouangui Moukala