Le dialogue entre le Gabon et l’Union européenne s’intensifie autour d’un pilier majeur de l’économie nationale : la filière forêt-bois, moteur historique du développement et enjeu central de la diversification économique du pays.
Le ministre des Eaux et Forêts, Maurice Ntossui Allogo, a échangé récemment avec l’Ambassadrice de l’Union européenne pour le Gabon, Sao Tomé-et-Principe et la CEEAC, Cécile Abadie. Au cœur des discussions : la consolidation du partenariat stratégique entre Libreville et Bruxelles, mais aussi le suivi des retombées du Forum économique forestier 2025, organisé à Libreville et salué pour avoir repositionné la filière au centre des priorités économiques.
Une plateforme pour structurer le dialogue public-privé
Parmi les points essentiels abordés, figure la création d’une Plateforme nationale de concertation permanente public-privé du secteur forêt-bois. Ce dispositif, en cours de finalisation, doit permettre d’instaurer un dialogue structuré et continu entre les autorités, les opérateurs économiques et les partenaires techniques.
Pour Maurice Ntossui Allogo, cette plateforme représente un instrument de gouvernance stratégique : « elle doit devenir un espace de concertation dynamique où les acteurs publics et privés conjuguent leurs efforts pour bâtir une gestion durable et compétitive de la ressource forestière. »
Cette approche marque une évolution dans la politique forestière gabonaise : privilégier la concertation et la co-construction des politiques sectorielles, plutôt que la simple réglementation descendante. Une orientation saluée par l’Union européenne, qui soutient depuis plusieurs années le processus de traçabilité et de certification du bois gabonais dans le cadre de l’Accord FLEGT.
Des questions fiscales déterminantes pour la compétitivité
Les échanges ont également mis en lumière des enjeux économiques sensibles. Le Ministre et l’Ambassadrice ont abordé la question du remboursement des crédits de TVA en attente pour les opérateurs du secteur, un dossier jugé prioritaire par les professionnels, car il affecte directement la trésorerie et la viabilité des entreprises.
Autre point clé : l’inscription de la taxe de renouvellement des permis forestiers dans la Loi de Finances. Cette mesure vise à garantir un cadre fiscal clair et prévisible, condition essentielle à la stabilité et à l’attractivité du secteur.
Pour plusieurs experts, ces réformes fiscales constituent un passage obligé pour restaurer la confiance et encourager les investissements dans la transformation locale.
Le bois, levier de diversification et de croissance
En réaffirmant sa volonté d’accompagner les acteurs du secteur, le Ministre Ntossui Allogo a insisté sur la nécessité de lever les obstacles structurels et administratifs qui freinent la performance de la filière.
« Le bois est plus qu’une ressource : c’est un pilier de notre diversification économique et un symbole de notre engagement pour un développement durable », a-t-il déclaré.
La relance de la filière forêt-bois s’inscrit dans la vision gouvernementale de croissance à deux chiffres, fondée sur la transformation locale et la création d’emplois verts. Selon le ministère, près de 70 % des volumes exploités sont désormais transformés sur place, un chiffre en constante progression depuis la mise en place du ban sur l’exportation des grumes en 2010.
Un partenariat renouvelé au service de la durabilité
Pour sa part, Cécile Abadie a salué la volonté de réforme et de transparence affichée par le gouvernement gabonais. L’Union européenne, a-t-elle rappelé, demeure un partenaire clé dans l’accompagnement des politiques environnementales, de la gouvernance forestière et du développement des chaînes de valeur durables.
Cette rencontre confirme la solidité du partenariat entre le Gabon et l’Union européenne, fondé sur une vision partagée : faire de la gestion durable des ressources naturelles un levier de compétitivité et de souveraineté économique.
À travers ce dialogue, Libreville et Bruxelles entendent poser les bases d’un nouveau modèle de coopération — plus inclusif, plus transparent et davantage axé sur les résultats — pour que le bois gabonais ne soit pas seulement une richesse naturelle, mais un moteur durable de prospérité nationale.
Séraphin Lame






